Traduction: Maïra Muchnik.

Après les conditions ouvrières dans les abattoirs, « Jusqu’à la bête », nous partons pour la frontière entre le Maroc et l’Espagne, à la rencontre des migrants en compagnie de l’auteur africain, Juan Tomas Avila Laurel et de son second roman, Sur le mont Gourougou.
 
« À la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla s’élève le mont Gourougou, où sont réfugiés des centaines de migrants d’Afrique noire attendant de pouvoir poser le pied en Europe. De cette communauté improvisée, on découvre l’organisation du quotidien, les histoires échangées pour tromper l’ennui, les vices, les jeux, mais aussi la lutte pour échapper aux autorités. Jusqu’à l’explosion de ce fragile équilibre quand certains commerces entre hommes et femmes, tenus secrets jusque-là, sont révélés au grand jour… »
Avec « Sur le mont Gourougou », l’auteur traite d’un sujet délicat, et surtout omniprésent dans l’actualité. Les médias nous informent, nous montrent une réalité douloureuse : les conditions de vie des réfugiés, dans les camps ou encore les conséquences d’une traversée de la méditerranée ou les chances de survies sont minimes. Mais ils parlent peu de ce qui tient en vie ces gens, de ce qui les pousse à quitter leur pays, de la solidarité éphémère qui les lie.
Voila ce dont parle Juan Tomas Avila Laurel.
Le mont Gourougou est un col au Maroc dominant l’enclave Espagnol de Melilla, c’est à dire le dernier obstacle à franchir avant d’entrer en Europe. C’est sur ce col, hostile, que le lecteur rencontre ces hommes et ces femmes venus d’Afrique. C’est dans des conditions difficiles que la vie s’organise. Les migrants vivent dans des grottes, dorment sur des cartons, souvent dans le froid, entassés les uns sur les autres. La faim est l’un des problèmes les plus complexes à régler, des groupes d’hommes tournent pour partir en ville en quête de nourriture que les citadins donnent à contre cœur ou en en quantité infime. De plus, il faut prendre en compte que la police des forêts complique le trajet avec leur chasse à l’homme. Sur le mont Gourougou, les réfugiés ne sont pas les bienvenus.
C’est dans ces conditions que les réfugiés, pour survivre et oublier la douleur se fabriquent de l’espoir. Ils se retrouvent en petits groupes ou chacun prend la parole pour raconter des histoires, souvent leur histoire, ce qui les a menés à quitter leur terre. Et il y a de quoi nous étonner ! L’un a quitté son pays car il a vu une petite fille se transformer en vieille dame, l’autre conte l’étrange histoire d’un marchand mangeur d’argent. Et ce n’est pas tout, pour échapper au chaos, les réfugiés jouent au foot, sport national, des tournois y sont organisés. On devine des sourires s’esquisser sur les visages, et, nous aussi, rions. Et c’est de bon cœur que l’on découvre que le mont est renommé la République populaire de Samuel Eto’o.
 « Sur le mont Gourougou » est un roman plein de malice et de tristesse qui nous met face à l’un des plus grands malheurs de l’humanité.
Bison d’Or.