Traduction: Eric Boury.

Une jeune femme est retrouvée morte sur la tombe du héros de l’indépendance islandaise. Rien de mieux pour Erlendur pour aiguiser son esprit et se plonger dans l’histoire de son pays. L’enquête est une fois de plus un prétexte pour dévoiler les fractures de la société.

Nous traversons au cours des recherches, l’Islande, pour rejoindre les fjords de l’Ouest. Ce voyage est l’occasion de voir se confronter deux générations : celle d’Erlendur et celle de Sigurdur Oli. L’ancienne est nostalgique d’une époque où l’histoire avait son importance, on s’intéressait à l’héritage de la nation, la langue islandaise était préservée. A contrario, la nouvelle est plus pressée, elle préfère vivre dans les villes et s’abreuve de culture américaine au détriment de la culture islandaise quelle qu’elle soit.

Le livre a été écrit en 1998, période pendant laquelle l’Islande était en pleine récession économique. La pêche et la transformation du poisson étaient une des économies principales du pays. Dans les années 80, la surpêche a obligé le gouvernement à instaurer des quotas au pêcheur, ceux-ci étant définis par bateau. Ces quotas pouvaient être transférés, loués, vendus ou transmis à ses héritiers. La crise s’enfonçait, les pêcheurs en étaient réduits à vendre leur quota pour éviter la faillite. Des villages entiers furent ruinés. Certains ont réussi à vendre à bon prix, permettant ainsi la concentration de l’activité entre quelques mains, qui pour certaines n’avaient rien à voir avec le milieu de la pêche. Les villageois, sans travail, fuirent vers Reykjavik, espérant trouver un second souffle. 

Mais pour beaucoup, l’adaptation dans cette grande ville n’a pas été simple. Indridason nous plonge dans les bas-fonds de la capitale, au milieu des exclus qui survivent comme ils peuvent : vols, drogue, prostitution… La description qui en est faite est saisissante de réalité et de noirceur.

Pour les amateurs purs d’Erlendur, on retrouve bien sûr dans ce roman les traits caractéristiques du personnage bougon, sanguin parfois, solitaire. Ses relations familiales sont plus approfondies : le cheminement au travers des quartiers pauvres se fait avec l’aide de ses enfants, notamment de sa fille, pour qui, il s’inquiète et culpabilise tout du long.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce livre, la confrontation entre les deux générations, la description qui est faite des conséquences de la mondialisation au sein d’un territoire vaste, beau mais ô combien difficile à vivre pour ces jeunes qui ont la tête pleine de rêves. Pour les amateurs de Indridason mais pas que !

Marie Laure.