The Thousand Crimes Of Ming Tsu
Traduction: Doug Headline
“Dans les années 1860-1870, ce sont des immigrés chinois qui construisent la voie ferrée pour la Central Pacific. Ming Tsu est l’un d’eux, orphelin formé à l’art de tuer par son père adoptif américain. Pour retrouver Ada, l’épouse blanche que les hommes de main de son beau-père lui ont enlevée, il va traverser l’Utah, le Nevada et la Californie en fugitif dont la tête est mise à prix. En cours de route, il exécute chacun des hommes qui lui ont « volé sa vie ».”
Quand il démarre sa route sanglante, Ming Tsu est déjà coupable de plus de deux cents meurtres et on se doute bien que sa quête sera impitoyable. Le premier nom qu’il peut barrer sur sa petite liste arrive très rapidement. On comprend rapidement que sa colère froide et ses compétences dans l’art de tuer feront de lui un guerrier solitaire redoutable, sans affects pour les éventuelles victimes collatérales.
Tous les éléments du décor et les personnages le montrent, on est dans un western, un rude même. Mais ce premier roman d’un auteur de vingt-cinq ans est bien plus que cela.
Tout d’abord, et c’est devenu en quelques mois la marque de fabrique de la Noire, l’histoire est vraiment joliment écrite, les descriptions sont souvent très cinématographiques, le phrasé toujours soigné, adapté à la situation.
Mais c’est la créativité et la fantaisie de l’auteur qui en font un roman à part.
Tout d’abord, Tom Lin raconte l’Ouest dans le prisme de ces populations chinoises venues tâter le rêve américain et souvent absentes du tableau historique et de la mythologie western hollywoodienne, un peu comme les cow-boys de couleur. Cet éclairage nouveau profite au roman.
Ensuite, si Ming Tsu ne crée aucune empathie, les autres personnages sont riches, souvent source de bonheur. Un peu à la manière du personnage principal de Nightmare Alley de William Lindsay Gresham, Ming Tsu va accompagner une petite troupe itinérante où chacun possède un “miracle”, un talent surnaturel et vous serez surpris, stupéfaits sûrement. Peut-être que votre esprit cartésien n’acceptera pas cette irruption du surnaturel. Et ce sera dommage car certaines pages, certaines situations provoquent l’émerveillement, incitent à la rêverie, embellissent l’histoire, sidèrent… de la belle ouvrage si vous vous laissez envoûter.
Enfin, Ming Tsu est accompagné pendant les deux tiers du roman par un vieux Chinois aveugle qui voit l’avenir et qui peut notamment vous dire la date de votre décès si vous voulez vraiment le savoir. “Le prophète” lit toutes les vies sauf celle de Ming Tsu “l’homme sans limites”. Philosophe, il se montre sibyllin, humoriste à ses heures et ajoute une touche supplémentaire d’étrangeté, validant pleinement cette fable surnaturelle où il a la personnalité peut-être la plus attachante.
La dernière partie revient de pleine boot dans le western sauvage qu’on verrait bien filmé par le Paul Thomas Anderson de There will be blood. L’ultime assaut est dantesque et le duel final, terrible et particulièrement original, emporte tout.
Du plaisir à lire cet enchanteur Les mille crimes de Ming Tsu, manque juste un peu l’émotion que Ming Tsu ne daigne pas offrir.
Clete
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