Traduction: Anaïs Bouteille-Bokobza.

Après le succès de 2014 de « A mains nues », voici le roman suivant de l’auteure lombarde daté, lui, de 2009, c’est à dire un an après le sus-nommé. Scénariste de la série mensuelle BD italienne « Dylan dog » Paola Barbato montre une imagination prodigieuse dans ces 356 pages hallucinées.

« Antonio Lavezzi mène une existence solitaire et monotone depuis le jour où Michela, sa fille de treize ans, a été sauvagement assassinée. Sa femme l’a quitté, et le meurtrier n’a jamais été arrêté. Antonio travaille dans le bâtiment avec un ami d’enfance. Ce dernier lui présente inlassablement de petites amies potentielles qui ne l’intéressent pas. Lorsqu’un corps est découvert sur le chantier dont il est responsable, des éléments troublants amènent Antonio à penser que cette affaire et son histoire personnelle sont liées. Contacté par un homme mystérieux, baptisé l’Assassin, qui lui ordonne d’exécuter des criminels ayant échappé à la justice, Antonio décide d’obéir et va s’extraire peu à peu de sa torpeur et de son silence. L’ Assassin semble savoir qui a tué Michela, et Antonio, pris dans une spirale meurtrière, est plus que déterminé à venger sa fille. »

Vous aimez les thrillers qui vous isolent du monde pendant le temps d’une lecture que vous ne pouvez ni ne voulez interrompre? Vous avez ici le prototype du roman que vous pouvez acheter les yeux fermés si vous avez déjà aimé « A mains nues ». En effet, vous y retrouverez les rapports entre kidnappeurs et otages, la notion de l’éventuelle nature de l’assassin auxquels vont se greffer le vigilantisme et les rapports entre les victimes et bourreaux.

Alors, je ne suis pas très friand des romans traitant de l’auto-justice reconnaissant néanmoins n’avoir jamais été confronté, heureusement, à pareil cas de figure et ne voulant donc pas juger des comportements en la matière. Paola Barbota a magnifiquement traité le sujet en mettant bien en avant l’extrême douleur des victimes, des vies foutues des proches des personnes assassinées et dont les crimes sont restés impunis en se centrant sur ce pauvre Antonio Lavezzi qui vit tel un zombie depuis la tragédie. L’auteure montre bien la douleur, l’égarement, la détresse comme la colère en décrivant la psychologie du personnage principal Antonio Lavezzi.

Mais je dois dire que je n’ai vraiment pas tellement cru à cette « entreprise » de l’Assassin qui semble être plus un être surnaturel qu’un simple humain tant il est doué pour la duplicité et se montre tellement plus fort que toutes les pauvres polices italiennes pour résoudre des meurtres non élucidés. Pareillement, il me semble vraiment trop facilement convaincant pour embrigader des gens qui, il est vrai, sont désarmés, aveuglés par la peine qui est leur et qui deviennent rapidement des complices d’assassinats sans réellement avoir la preuve de la culpabilité. Néanmoins on peut aussi occulter cet aspect, abandonner un certain pragmatisme et ainsi apprécier totalement le roman.

Alors, il est évident que la lecture des recensions de meurtres non élucidés comme la narration des meurtres perpétrés par l’ Assassin peut s’avérer lourde, pénible, violente mais malgré tout Paola Barbato ne tombe pas dans le gore et fait monter le suspense tout au long du roman avec la promesse d’un final étourdissant entre Antonio et le meurtrier de sa fille.

Paola Barbato réussit parfaitement son coup, offrant des révélations très surprenantes, des passages à briser le coeur et d’autres à vous filer mal au ventre. Et je le répète, il est très difficile de lâcher le livre, même si sa lecture donne un petit côté voyeur et réveille des instincts mauvais, primaires, enfouis, cachés au plus profond de nous tout en amenant à une certaine réflexion sur la douleur de ceux qui restent.

Les fans de Dexter jubileront.

Eprouvant.

Wollanup.