J’ai connu JC Perriau, il y a quelques années sous d’autres cieux de la blogosphère. Quand les premières chroniques d’ « Un monde trop petit” ont fleuri, je n’ai pas percuté qu’il en était l’auteur et je répare tardivement mes lacunes. 

Du copinage, mouais, je ne pense pas. Je ne peux en aucune façon avoir un ami supporter du PSG qui la ramenait beaucoup à une époque plus faste, où on n’ accolait pas avec le sourire le terme de remontada aux trois lettres du club qatari, une époque où le club nous faisait moins mourir de rire que maintenant. Ses analyses footballistiques me manquent un peu. Qu’a-t-il pensé de la dernière finale de la coupe de France Rennes PSG? En Avant Guingamp le fait-il toujours marrer? A-t-il vu le dernier Nantes PSG ? Ça, c’est fait mon petit JC, fallait pas citer les comiques deux fois dans ton roman

 Plus sérieusement l’univers littéraire choisi pour ce premier roman n’est plus vraiment mon truc, ne l’a même jamais été réellement, je ne connais pas la banlieue, je ne vis pas ce monde et les romans s’y déroulant ne me séduisent pas particulièrement. 

Mais, mais, mais, ici, on est dans le concret, on sent le vrai, le vécu car JC bosse au SAMU social depuis très longtemps, connaît le pavé, y a acquis une certaine sagesse souvent perceptible dans la discussion. Ce monde trop petit, il l’a sous les yeux tous les jours. La galère et le malheur, il les touche à longueur d’année et son roman, en aucune façon, aura des relents de putasserie qu’on sent bien souvent.

L’égalité des chances, une idée assénée par les élites nanties, ici, on en a un bel exemple. Trois vies cramées racontées dans un roman profondément noir. La lumière, l’éclair viendront mais pas ceux qu’on attend…Matilda devient adulte à dix ans le jour de son anniversaire quand son père se barre et que sa mère commence à se noyer dans l’alcool. A la trentaine, elle continue de morfler, le gâteau d’anniversaire a toujours un sale goût. Bouba, lui, a été exfiltré d’Afrique enfant pour rejoindre son père et sa sorcière de belle-mère dans un univers de tétris architectural à gerber. Franck, lui, est SDF, sa vie de journaliste a basculé à l’automne 2005 pendant les émeutes de banlieues. Tombé bien bas, il n’est pourtant pas au fond pour espérer remonter un peu. Alternant 2013 et des périodes plus anciennes de l’enfance des personnages, l’auteur sait entretenir un certain suspense jusqu’à la rencontre des trois au SAMU social…

Alors, on est dans de la littérature “feel bad”, pas de doute. Pas forcément le roman pour la saison et le nouvel éditeur avait d’ailleurs choisi le mois de janvier pour inaugurer sa collection de romans noirs avec “un monde trop petit” qui devrait ravir les amateurs du genre et de tous âges. Concentrant son roman sur ses personnages, il laisse moins de place aux descriptions, à la “poésie” de la zone. La comparaison avec le nouveau grand concurrent de la littérature, je veux parler de Netflix et autres, est assez facile. “Un monde trop petit” s’apparente d’évidence avec le concept de docu fiction et parfois, l’émotion peut vous gagner. Et la BAC, la dope, les ascenseurs en panne, les paliers incendiés… et toujours cette même couleur ciel gris dégueulasse, celui au dessus de la tête des damnés.

Touchant et touché.

Wollanup.