Traduction: Johannes HONIGMANN

 

Imaginez un monde où un outil informatique, un réseau social, est censé devenir votre meilleur ami.

Que font les amis ? Ils vous aiment, vous aident, vous conseillent. Le Mirror est un objet connecté  conçu pour vous pousser à prendre les bonnes décisions, dans votre vie professionnelle, et dans votre vie personnelle. Pour cela, il est important que le Mirror vous connaisse, donc il est important de le porter continuellement afin qu’il en sache un maximum sur vous et ainsi vous fasse prendre les bonnes décisions.

« Ton Mirror te connait mieux que toi-même. Il fait tout pour te rendre heureux. Que tu le veuilles ou non ! ».

Imaginez un monde où toutes vos actions vous sont soufflées par une intelligence artificielle. Imaginez un monde où une personne aveugle, ou un autiste, pourrait voir sa vie facilitée grâce à l’utilisation du Mirror. Véritable progrès, évolution du nouveau millénaire ou frayeur absolue ?

Et si ce nouveau système révolutionnaire devenait un centre de contrôle supérieur ? On suit plusieurs utilisateurs au fil des pages. L’une d’elles, Freya Harmsen, journaliste, se rend compte que son Mirror ne se comporte pas exactement comme un simple outil d’aide. On suit donc son enquête qui croise d’autres utilisateurs, le système informatique semble devenir fou. Il ne semble plus se contenter de faire des suggestions pour le bien de son usager, mais bien d’avoir une volonté propre, en quête d’un optimum global et non individuel. Cet ami se transforme donc petit à petit en véritable tyran, il pousse à l’isolement, à l’éloignement des personnes aimées.

On ne peut lire ce livre sans penser, bien sûr, à « 2001 l’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick et à comparer le Mirror à HAL. Le thème est le même, remis en perspective dans notre monde actuel déjà ultra connecté. Pour autant, l’auteur n’en fait nullement mention alors que ses personnages font souvent référence à Terminator. Bien sûr la vision dans ce livre est bien la prise de pouvoir par les machines et de ce fait la destruction du monde par un asservissement des hommes, mais toute la démonstration est bien plus proche, trop proche ( ?), du film de Kubrick.

« Ces appareils n’obéissent plus aux désirs de leurs propriétaires c’est comme dans l’apprenti sorcier de Goethe : nous avons perdu le contrôle des esprits que nous avons invoqués et nous ne savons pas comment en redevenir les maitres ».

Roman de science fiction ou plutôt réalité potentielle pas si lointaine ? Dans ce livre, l’auteur Karl Olsberg veut nous faire prendre conscience que nous vivons dans un monde trop connecté, où les réseaux sociaux prennent trop de place, où nous perdons peu à peu notre libre arbitre, nous nous renfermons sur nous-même.

L’auteur a un doctorat sur les applications de l’intelligence artificielle et a fondé une Start up de logiciels. Son écriture est aussi froide que les logiciels qu’il semble maîtriser. Cela est parfois dérangeant dans les dialogues qui semblent sans vie, énoncés comme des phrases mises bout à bout mais sans aucun sentiment derrière. Quand il s’agit de dialogues entre deux amoureux, cela semble peu réaliste.

La lecture est assez facile, quant au thème, il a déjà été abordé à plusieurs reprises, sans aucune véritable nouveauté si ce n’est le parallèle fait avec les GAFA dans notre XXIème siècle. C’est une étrange curiosité…

Marie-Laure.