« Le six-quatre? Une affaire non résolue qui remonte à l’an 64 du règne de l’empereur Shôwa. Une fillette de sept ans enlevée et assassinée sans que l’on parvienne à arrêter son ravisseur. Quatorze années ont passé, l’empereur n’est plus le même, mais la plaie reste ouverte pour cette région du nord de Tokyo. Dans cette année civile 2002, la prescription des faits approche. Pourtant, pas question de baisser les bras. Le grand chef de la police nationale doit venir l’annoncer officiellement au père de la victime et à la presse. Le commissaire Mikami, en charge des relations publiques depuis peu, a une semaine pour organiser la visite. Premier défi: régler au plus vite un différend avec les journalistes; deuxième: vaincre la résistance du père; troisième: ne pas se laisser envahir par ses propres démons. Mais pour relever ces défis, il lui faut avant tout débusquer la vérité aux sources les plus profondes de l’affaire et de l’âme humaine, là où il n’aurait jamais pensé la trouver… »
Alors, il faut avouer que la littérature noire nippone n’est pas la plus courue sous nos latitudes. Fonctionnant avec des codes, des mentalités qui nous semblent bien obscurs parce qu’inconnus ou compris, la société nippone souffre aussi d’un éloignement géographique qui perpétue une image énigmatique qui attire parfois méfiance. Citons le magnifique TREIZE MARCHES de Kazuaki Takano sorti l’an dernier aux presses de la cité et REVOLVER de Nakamura Fuminori aux éditions Picquier spécialisées dans le roman asiatique. Ma connaissance littéraire du pays du soleil levant, comme on peut le voir, souffre de nombreux manques mais, à l’avenir, je pourrai y ajouter, sans problème et d’évidence, ce SIX-QUATRE d’excellentissime facture et certainement le meilleur polar, et de loin, que j’ai pu lire cette année.
On ne peut que penser qu’à Ellroy si on veut un tant soit peu comparer l’œuvre avec ce qui existe déjà et fait saliver la plupart des amateurs de polar et cela dès le début d’un roman qui s’avère particulièrement passionnant en combinant enquête sur un cold case synonyme d’horreur dans le souvenir des équipes qui ont eu en main l’enquête échouée d’un enlèvement et drame personnel familial un peu à la manière de Herbert Liebermann dans Necropolis .
Le roman est dense, complexe, demande parfois beaucoup de concentration pour comprendre une histoire particulièrement tortueuse mais l’effort n’est pas inutile tant les rebondissements, les révélations au cours du roman permettent d’atteindre une certaine béatitude à qui veut bien prendre le temps de comprendre les rapports de hiérarchie et d’ « ainesse » entre les différents personnages. C’est du grand art, l’enquête avance doucement, au rythme d’un Mikami patient, obstiné et victime lui-même d’un drame autour de sa paternité.
La vérité sera terrible, à la hauteur de l’attente du lecteur accompli qui aura pris son temps, comme Mikani, de dénouer toutes les cordes qui maintiennent dans l’obscurité la vérité.
Du grand art !
Wollanup.
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