The Fuck Up

Traduction: Charles Bonnot

Fuck Up est le premier des huit romans du romancier et poète Arthur Nersesian. Sorti en 1997 et racontant New York et plus particulièrement le Lower East Side de Manhattan au début des années 80, le roman est devenu, à raison, culte aux Etats Unis et surtout, forcément, dans la grosse pomme. Bizarrement jamais édité en France, merci aux éditions La Croisée d’avoir réparé cette erreur.

Notre héros, qui restera sans nom, a débarqué un jour à New York dans les années 80 avec ses rêves de gloire comme seul bagage comme tant d’autres. Et comme tant d’autres, il s’est aperçu que si on n’a pas les billets verts en poche, la Ville se gagne. Il faut vraiment se battre pour pouvoir s’y établir et il y parvient dans un premier temps avec un job d’ouvreur dans un ciné et une petite copine dont il partage l’appartement et la vie. Mais notre garçon qui n’a déjà pas grand chose dans le citron, a, de plus, une bite à la place du cerveau et pense qu’il est établi. Du coup, le grand jeu ! Il demande une augmentation à son patron et commence à convoiter une autre ouvreuse du cinéma qu’il veut, en fait, juste consommer, pour rester poli…Et évidemment il se plante dans les grandes largeurs, se prend le tapis avec les filles, l’une le repousse, tandis que l’autre le vire. Son patron, pas très malin mais très con, le lourde lui aussi. Et là commencent les problèmes. Un canapé chez le dernier pote qui veut encore de lui, un gros mensonge sur sa sexualité pour obtenir un emploi dans un cinéma porno gay…Le début de la mouise, New York n’a que faire des losers. “The party’s over” pour lui dans la ville qui ne dort jamais et l’After sera terrible. Des soirées enivrées dans Alphabet City aux matins blêmes sur le trottoir de la ville. « La galère, la vraie. « The fuck up »…

Fuck up est un roman très drôle au départ et sombrant progressivement dans une grande noirceur. Notre héros ne dégage pas vraiment d’empathie mais son histoire, à mesure qu’elle s’assombrit, peut parfois le rendre touchant, montrant notamment à quel point les grandes villes savent ignorer la précarité et la détresse. Mais notre loser n’est pas le seul héros de Fuck up. Il doit partager l’affiche avec New York qui est en fait la vraie star, enfin le sud de Manhattan et Brooklyn, les coins les plus fréquentés des touristes. La balade est superbe si vous connaissez. On y découvre une ville bien moins policée que maintenant, plus colorée, plus diversifiée dans ses courants entre la fin des hippies, l’émergence des yuppies et les Doc’s des punks. Pas encore Boboland…

On a souvent comparé le roman à L’attrape coeurs de Salinger ou aux romans de Fante. Mouais, je lorgnerais plus vers le Putain d’Olivia de Mark SaFranko ce qui n’est pas un mince compliment. Guidé avec talent par Arthur Nersesian, le roman s’avère méchamment addictif.

Pour tous les amoureux de New York et les amateurs de littérature noire de qualité.

Clete