La cygne noire raconte la jeune vie de Suzanne Schubert. Dominique Chevallier commence d’abord par sa naissance, pas celle du premier jour de sa vie, plutôt celle qui va forger son insondable caractère. Pour cela, il faut tout d’abord passer par le père de Suzanne.
Pierre est un sale type, tyrannique, acariâtre. Tétraplégique après un accident de voiture, il se déteste autant qu’il déteste les autres, dont ses enfants. C’est un concentré d’aigreur qui ne veut pas qu’on l’aime, ni qu’on le déteste. Un invivable donc. Sa vie de grand bourgeois parisien et d’universitaire respecté est passée au rouleau compresseur.
Il est si exigeant avec Suzanne sa fille, qu’un désir de vengeance naît en elle. Un désir mortifère qui va commencer à se manifester, à se matérialiser quelques années plus tard, au moment du bac. Elle devient aussi dure que lui, blindée sous une carapace d’acier, capable de détruire tout ce qu’elle aime pour paraître plus forte. Surtout, Suzanne a honte de son père, une honte qui grossit comme une tumeur.
Il faut dépasser les cinquante premières pages, parfois utilement agaçantes, pour que ce premier et court roman nous fasse entrer de plain pied dans le cerveau déterminé de Suzanne. C’est alors qu’elle prend le livre à bras-le-corps.
Quand Suzanne Schubert sort du TD de sociologie politique ce jour-là, quand elle arrive en bas de l’escalier, entourée comme souvent d’une petite cour de quelques étudiants, le passé surgit. Elle avait pourtant décidé qu’il n’avait pas existé. Et c’est la même décharge électrique au bas du dos, cette douleur apparue lorsqu’elle avait massé pour la première fois les jambes de son père.
Il est là. Dans le hall. En fauteuil roulant. Il l’attend.
Un cygne noir est un événement hautement improbable aux conséquences démesurées.
J’ai cru apercevoir cet oiseau rare à plusieurs reprises. Et pourtant quand je l’ai reconnue, LA cygne noire était minuscule, presque insignifiante, de ces choses rares auxquelles plus personne ne fait attention.
Il faut peu pour imaginer un élan se briser. Mais c’est mal connaître Suzanne, cette parente éloignée du jeune Rastignac, elle va alors se révéler à elle-même d’abord, puis aux autres, qui en subiront les conséquences.
Avec La cygne noire Dominique Chevallier portraiture un être perfusé à la vengeance, rempli de cynisme, dont le mépris pour les autres n’a d’égal que son orgueil. Il profite de l’occasion pour brosser un tableau peu reluisant de la vie à l’Assemblée nationale en particulier et du milieu politique en général.
NicoTag
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