D’aucuns prétendraient que nous avons eu l’occasion rêvée cette année de consacrer de longues heures aux plaisirs de la lecture, entre quatre murs. Hélas, le confinement n°1 m’a pris au dépourvu : je me suis retrouvé bien vite à piocher dans les oldies conservés chez moi ou accessibles libres de droits dans les bibliothèques numériques. Ensuite, de façon assez incroyable, j’ai eu envie de passer le maximum de temps à l’air libre : terrasse, jardin, campagne, plage, tout était bon à prendre, avant le retour au mitard vaguement annoncé. J’ai bouffé également cette année une incroyable production d’articles, analyses, tribunes, pamphlets pour rester au contact d’une réalité inédite, mettant à mal la fiction. Seul un petit nombre d’ouvrages de littérature et de littérature noire publiés dans l’année sont parvenus à vaincre autant d’adversité pour arriver jusqu’à moi. En voici une sélection par ordre chronologique de publication 

ALLEGHENY RIVER de Matthew Neil Null / Terres d’Amérique – Albin Michel.

9 short stories ancrées dans un terroir et dans l’histoire des Appalaches où règne un fragile équilibre entre hommes et Nature. Un régal d’écriture passionnée et de puissance sémantique. 

LE SANG NE SUFFIT PAS d’Alex Taylor/ Gallmeister.

Aux frontières du roman gothique et du nature writing. Un maelstrom de misère, de violence, de désespoir sans fin, de survie coûte que coûte. Eprouvant et intelligent. Très belle écriture.

CE QU’IL FAUT DE NUIT de Laurent PETITMANGIN / La manufacture de livres

Un succès de la rentrée d’automne. Mérité. Cela parle de la Lorraine, d’un milieu populaire, du veuvage, de la perte d’une mère, d’engagement politique, de choix de vie. Et de drames et de comment ils affectent l’existence de trois hommes. Terriblement juste et poignant.

OHIO de Stephen Markley / Albin Michel.

Une véritable mise à nu de l’Amérique provinciale des années Obama, qui va basculer en masse dans les bras de Trump. Enclavement, récession, désabusement d’une jeunesse paumée, mauvais choix, regrets, traumatismes adolescents qui bousillent toute une vie, amours interdites, passions éternelles, addictions, guerre : quel cocktail pour un (1er) roman très sombre et très politique. 

WALKER de Robin Robertson / Editions de l’Olivier.

Objet littéraire inhabituel, influencé dans sa forme par la poésie en prose et le cinéma et la photographie NB des années 1940. Un texte très découpé, économe en mots, mais incroyable d’intensité. 

Paotrsaout