Les romans américains écrits par des Français, on a parfois l’impression qu’ils se déroulent à Besançon ou à Guéret ou que le décor est le fruit d’une recherche google images. Et ce n’est pas le cas de celui-ci. De toute évidence l’auteur s’est bien rendu à Atmore Alabama, petite hémorroïde du trou du cul des USA. Il devait même y être au moment de la fête municipale annuelle du Willam Station Day célébrant la naissance de la pauvre agglomération autour de cette gare.
Le narrateur, qui existe en deux récits, vous verrez… quitte la France pour débarquer dans ce bled. Il est attiré par la prison, ne se découvre que très peu, ne se livrant qu’auprès de trois femmes qu’il rencontre, trois personnes bloquées, dans l’attente d’un autre futur qui n’a aucune chance de se produire dans ce bout d’Amérique pétrifié. L’homme, proche de la cinquantaine, prof, va partager l’existence mortellement ennuyeuse de ces petits blancs, pas mal de rednecks plus cons que dangereux et fiers de leur connerie, tout en se rapprochant de son but.
Alexandre Civico dresse un tableau couleur d’ennui, de morosité, d’attente qu’il souille de l’immense tristesse de ce personnage dont on devine peu à peu les desseins, l’objectif, la mission, la croisade. Toute l’essence d’une existence, gommée, éliminée au profit d’un rendez-vous à Atmore.
Roman noir impeccable à l’écriture sobre et au rythme servant intelligemment l’intrigue, “Atmore Alabama” est parfait pour découvrir une autre Amérique celle du racisme, de l’immigration, de l’isolement, de l’inactivité et de la connerie dans son apparence la plus commune et la plus vulgaire.
« ils pensent être le peuple. Ils ne sont que la foule »
Wollanup.
PS: sortie le 04/09.
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