La Cordura del idiota

Traduction: Sébastien Rutès

“Toni Trinidad, unique policier municipal du village d’Ascuas, est un homme solitaire et un peu simplet qui ne porte jamais d’arme, s’évanouit à la vue du sang et ne souhaite qu’une chose : préserver sa tranquillité.

Or sa vie n’est pas simple : son poste est menacé, son ami Triste a été découvert pendu, et sa sœur Vega, qui gère seule la casse du village depuis la disparition de son mari, a de solides ennuis avec un cruel trafiquant de drogue local. Aussi Toni se trouve-t-il malgré lui dans l’obligation d’agir.”

Une citation de Victor Del Arbol et la nationalité de l’auteur pourraient induire en erreur les éventuels lecteurs de ce premier roman édité en France. En effet, on est très loin des univers tourmentés, hantés par le passé des magnifiques romans de Del Arbor. On plonge au contraire dans une comédie très barrée, ce qui est finalement assez rare dans l’horizon espagnol.

La  grande richesse de ce roman, tout à fait recommandable, tient dans son personnage principal, Toni Trinitad, un flic de campagne très atypique, pas vraiment à sa place dès que le sang est versé, un handicap très gênant au vu de sa fonction. Au début, on pense même à un anti-héros du genre de Kalmann, du très réussi roman éponyme de la Noire sorti l’année dernière. Il n’en est rien finalement parce que Toni devient une bête sauvage dès qu’on touche à sa sœur adorée avec qui il a partagé l’enfer de l’orphelinat pendant de nombreuses années. La mue est un peu exagérée, on a un tantinet l’impression d’avoir affaire à deux personnages totalement différents. Mais on comprendra un peu mieux la métamorphose plus tard.

Les souvenirs de l’orphelinat de Toni et sa soeur, longuement évoqués alors qu’on a déjà compris ce qui a pu se passer, sont un peu pesants et dramatisent peut-être exagérément le roman tout en ralentissant son bel envol. Il n’en reste pas moins qu’on suit avec beaucoup de plaisir la manière d’administrer la justice de Toni Trinitad. D’étonnantes surprises au rendez-vous, quelques scènes très hilarantes malgré leur cruauté, une histoire qu’on avale le sourire aux lèvres, que demander de plus ?

Un bon petit polar, tout simplement. Ibère drôle.

Clete