Fool’s Parade
Traduction : Nadège Dulot
1935, Virginie-Occidentale. Après avoir passé quarante-sept ans derrière les barreaux, Mattie Appleyard franchit les portes de la prison de Glory en homme libre. À ses côtés, deux autres ex-prisonniers, le doux rêveur Billy Lee Cottrill et le jeune orphelin Johnny Jesus. Dans la poche de Mattie, un joli chèque à encaisser, des indemnités de l’État qui vont permettre aux trois compères de réaliser leurs rêves. Mais une ombre de mauvais augure plane sur eux, celle du terrifiant Doc Council. Gardien de prison, celui-ci est en effet prêt à tout pour éliminer ces « mauvaises graines » et mettre la main sur leur argent. Et tout le monde sait que Doc Council n’a aucune limite.
C’est à Davis Grubb, auteur du roman La nuit du chasseur dont l’adaptation cinématographique est aujourd’hui culte, que l’on doit La Parade des imbéciles (lui aussi adapté au cinéma) qui vient de paraître chez Sonatine. Publié en 1969 aux Etats-Unis, c’est seulement maintenant qu’il arrive chez nous. Comme on dit habituellement, mieux vaut tard que jamais.
Si l’histoire n’a rien de très original, La Parade des imbéciles est un livre qui commence fort, très fort. On est tout de suite saisi par la redoutable efficacité de l’écriture et la solidité du récit généreux en actions et rebondissements. Le rythme est lui aussi sans failles. Vraiment. C’est assez impressionnant de maîtrise. A cela s’ajoute le décor prenant de la grande dépression et des personnages riches. Bel équilibre également entre violence noire et humour. La traduction minutieuse de Nadège Dulot parfait ce bel ouvrage. On se régael. Il paraît assez incompréhensible que ce roman n’ait jamais été édité auparavant en France. Pour autant, il y a un mais.
La Parade des imbéciles est divisé en deux parties. La première, Brelan de rois, est exactement comme décrite précédemment. Conquis immédiatement, voire même soufflé, je ne pouvais attendre que le meilleur de La rose des marais, deuxième et dernière partie du livre. La moindre faiblesse me paraissait totalement exclue. J’ai néanmoins, dans une moindre mesure, assez vite déchanté. Dans la deuxième partie, on est contraint de subir un sentimentalisme bien mièvre et naïf. Aussi, l’histoire devient de moins en moins crédible dans son déroulé et perd sa saveur initiale. Tout cela nous conduit à une fin malheureusement trop simpliste et grossière. Quel dommage ! La première partie est tellement percutante ! Mais si la faiblesse de la deuxième partie est évidente, le plaisir que j’ai eu à lire l’ensemble est bien réel et demeure, malgré tout, jusqu’à la dernière page.
On a là un roman qui démarre sur les chapeaux de roues mais qui s’enlise en cours de route. Alors non, ça n’est pas si dramatique, mais très frustrant. Davis Grubb sait écrire, ce qui fait de ce livre une bonne lecture très appréciable en l’état, mais inégale. La Parades des imbéciles avait le potentiel pour être un grand roman mais s’avère, au final, surtout un bon divertissement.
Brother Jo
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