Samuel, un quadra sans réels problèmes ni grandes passions, promène son spleen, sa “mollesse” en Bretagne, vraisemblablement à Brest. Il a un job, est marié et père de trois charmants bambins. On le découvre à la plage où il retrouve une des mères d’élèves de l’école de ses enfants mais en tout bien tout honneur. Tout semble passer sur la vie de Samuel sans que ça l’émeuve particulièrement, une routine rassurante et ennuyeuse…
Il rencontre aussi beaucoup de parents, à l’entrée et à la sortie des classes, à la fameuse “heure des mamans” que connaissent bien les enseignants de primaire et de maternelle où les parents discutent, traînent… En l’occurrence, ce moment est présenté de façon idyllique car bien souvent, dans la réalité, ce petit quart d’heure est souvent le moment du grand réquisitoire et du procès des enseignants. Ici, on cause de la pluie et du beau temps, on fait connaissance, on raconte son parcours… Samuel connaît des problèmes dans son couple et il n’est pas indifférent au charme de certaines femmes qu’il observe avec paresse…
Et puis, l’occasion faisant le larron, pas vu pas pris, un matin, il franchit le pas. Alors, on pense tous à ces histoires d’adultère qu’on a lues ou vécues ou imaginées. Mais ici, pas de passion dévorante, pas d’histoire d’amour qui rend fou. Non, juste une histoire de cul, un petit coup vite fait entre deux adultes responsables et consentants, un moment qu’il pense sans conséquences, un désir animal, une envie de possession, un moyen de sentir à nouveau vivant… à vous de voir…
On a parfois beaucoup de mal à comprendre le comportement de personnes qu’on pense connaître par cœur, alors, quand on se lance dans une histoire qui doit rester secrète avec des inconnues, cela relève de la loterie. Et arrive très vite le drame qui va se muer en sanglant cauchemar. Samuel va vite regretter cette petite baise. Alors, on a déjà lu voire connu pareilles entreprises avec leurs conséquences, mais il faut reconnaître que la partition de Franck Mignot est très originale, réussie et particulièrement dérangeante.
Mollesse est le premier roman de Franck Mignot. Il fait vraisemblablement partie des histoires conçues pendant le break en COVID, on sent d’ailleurs souvent sa présence. Partant d’une idée très originale, il écrit son très court roman, en se concentrant sur Samuel racontant son histoire. Cela lui permet de faire souvent l’économie du cadre, de l’explication de certains comportements, en se concentrant sur le drame et la “misère” de Samuel, le rythme d’écriture comme seul réel indicateur de la tension.
Interrogeant sur les relations adultérines mais aussi sur l’amitié et ses limites comme sur l’image de la femme-objet, “Mollesse” est un cauchemar hurlant. Eh ouais, des gens comme ça, existent… Le roman laisse durablement un sale goût dans la bouche, une histoire très noire, un nom à retenir.
Clete.
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