« Les ombres innocentes » est le deuxième roman policier du Poitevin Guillaume Audru dont le premier « l’île des hommes déchus » également aux Editions du Caïman avait connu un franc succès critique si j’en crois les billets lus sur le web.
« Massif Central, été 2013. Un vieillard est retrouvé hagard sur une route de Corrèze. Il a été frappé mais refuse de dénoncer ses agresseurs. Dans une ferme du plateau de l’Aubrac, une femme âgée, pendue à un croc de boucher de sa propre ferme, est découverte par son fils. Dans une clinique psychiatrique proche de Clermont-Ferrand, une femme oubliée de tous hurle sa haine. Trois affaires sans lien apparent. Trois personnes dont la vie va basculer. Matthieu Géniès, journaliste dans un canard de Corrèze. Serge Limantour, gendarme revenu de tout. Jeanne Roussillon, aide-soignante qui, jour après jour, tente de comprendre le mal qui ronge sa patiente. »
Alors, direz-vous peut-être, si cette profusion de romans ayant pour cadre nos belles régions commence à vous irriter. encore un polar rural. Oui mais, « les ombres innocentes » est un très bon bouquin ouvrant sur un scandale méconnu et caché de la cinquième république qui n’ayant pas fait de victimes « comptabilisables » restera comme un épiphénomène, une erreur regrettable et on fera fi des dommages psychologiques des victimes, on oubliera les relents puants de colonialisme que cette hérésie aura ravivés et développés avec le soutien de tous les organismes étatiques.
Ce triste et lamentable épisode ne peut être plus expliqué puisqu’il est le centre de l’intrigue et la lecture du roman vous apprendra avec horreur comment on peut fabriquer des « monstres » ordinaires avec l’aval des autorités de la République comme de la hiérarchie de l’Eglise toujours prompte à l’aveuglement pour une opération à gerber digne d’une époque qu’on pourrait penser révolue depuis des siècles ou tout au moins des décennies.
Loin des romans de plus en plus fréquents où des auteurs citadins veulent nous enseigner la vie dans nos campagnes, ses beautés, ses misères, ses « taiseux. » comme si accablés par la rudesse de la vie, les « ruraux » ne communiquaient pas ou plus…le désert français ancré dans le 19ème siècle, « les ombres innocentes » dresse, lui, un portrait de la Creuse et de la Lozère réaliste, convaincant si j’en crois mes souvenirs de la région.
Si le décor est bien planté, les personnages principaux paraissent aussi tout à fait crédibles authentiques avec leurs forces, leurs failles, leurs faiblesses, rien de bien brillant à montrer, pas de grande originalité, des gens que l’on pourrait côtoyer, des « héros » ordinaires d’une part et de braves gens d’autre part qui s’avèrent, eux, être de belles saloperies.
Et tout cela donne un roman qui se lit d’une traite grâce à la maîtrise d’un Guillaume Audru monstrueusement humain qui propose une intrigue très convaincante qui vous laissera pantois devant ces horreurs perpétrées au nom de la grandeur de la chère patrie.
Atterrant.
Wollanup.
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