
Né en Bretagne, près des Monts d’Arrée, Glen Chapron part étudier la gravure à Paris à l’École Estienne, puis l’illustration aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Il y rencontre les futurs membres du Collectif Troglodyte et Julia Wauters avec qui il lance le fanzine Écarquillettes. Après avoir publié Once upon a ride (Collectif Troglodyte) et dessiné Daphnée & Iris (« Kstr », Casterman) et Vents Dominants (Sarbacane), il vit et travaille à présent à Nantes où il navigue entre illustration jeunesse et bande dessinée. Après L’Attentat, sa première collaboration avec les éditions Glénat, il réitère avec Une histoire Corse, puis avec cet album aujourd’hui.

1903. Affamée, à bout de force, une jeune femme fuit à travers les Rocheuses canadiennes, sans regarder derrière elle. Que fuit-elle, ou plutôt qui ? À ses trousses, deux brutes déterminées à venger la mort de leur frère la traquent telle une bête sauvage. À 19 ans, Mary est déjà veuve et meurtrière. Aussi seule que démunie, elle réussit pourtant à semer ses poursuivants au cours d’une cavale oppressante dans les montagnes, la nature suppléant les lois des hommes… Déterminée, Mary, qui porte le secret d’une vie brisée, fait des rencontres fortuites, de celles qui changent une vie. Autant de confrontations étonnantes, révélatrices d’un passé mouvementé que l’on appréhende par petites touches… Des personnages avides ou généreux, des débrouillards ou des ermites lui permettent de tenir la distance… Malgré la peur au ventre, chevauchant à travers les sombres forêts escarpées, une furieuse envie de vivre permet à Mary de choisir son propre destin : celui d’une femme libre.

N’avions-nous pas dit que nous éviterions de chroniquer des adaptations en bandes dessinées de romans ? Ou alors pas très fort. Il y a trois bonnes petites raisons pour s’autoriser quelques lignes 1/ c’est un western 2/ c’est un très bel album 3/ c’est un très bel album. Glen Chapron a adapté le roman éponyme de l’auteur américain Gil Adamson, qui a une suite d’ailleurs, Le fils de la veuve, de belle facture tous les deux.
On parle principalement de vengeance dans La veuve, un thème familier dans l’univers western (mais pas seulement). L’auteur Glen a surtout un prétexte pour nous raconter une histoire d’émancipation féminine dans un univers très masculin et violent. Et un décor des plus rudes. Le récit est haletant et le personnage principal, très attachant, se dévoile au fil des pages. Mais qualité remarquable, l’utilisation du trait, jeu entre l’épaisseur et la finesse, avec l’intensité du noir, donnent un aspect particulièrement trouble et sombre aux atmosphères de cet album, découpé avec dynamisme. Il est sorti depuis le début de l’année alors nous ne bavarderons pas plus.

Une quête émancipatrice et violente inscrite dans un univers graphique idéal pour des « chroniques noires ». Et, comme on dit, quand c’est beau, c’est bon.
Little Bic Man
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