On avait raté Mathilde ne dit rien et Héroïne, les deux premiers volets des chroniques de la place carrée de Tristan Saule et on tente de réparer nos impairs avec le troisième tome Jour encore, nuit à nouveau sorti début 2023 en attendant Et puis, on aura vu la mer à paraître en février.
“Cloîtré dans son appartement, Loïc scrute la place carrée par la lunette de sa carabine .22 Long Rifle.
Quand la France s’est déconfinée, en mai 2020, Loïc a eu peur – du virus, du vaccin, des autres. Un an plus tard, il n’est toujours pas sorti. Épiant la vie du quartier, il rumine sa détresse et maudit ses anciens camarades de théâtre. Heureusement, l’écriture de sa pièce, Les aventures de Clic et Cloque, l’aide à canaliser ses angoisses. Jusqu’à quand ?”
D’emblée, la parenté avec Travis Bickle de Taxi Driver semble évidente et l’histoire ne nous démentira pas vraiment . Loïc, sous nos yeux, bascule dans la peur, la phobie, la folie. Petit à petit, par la focale du viseur de sa carabine, il observe, épie son environnement. Si l’aspect polar psychologique est réel et plutôt bien entretenu malgré une certaine prévisibilité du scénario, c’est surtout l’observation du quartier en temps de “guerre”, avec le recul de quelques années qui s’avère passionnante, qui peut même troubler quand on s’appesantit sur le terrorisme sanitaire qu’on nous a fait subir… pour notre bien.
Tristan Saule offre un regard sans pathos excessif ni misérabilisme complaisant. On imagine bien vers qui va sa sympathie mais dans son propos, il semble vouloir être juste un témoin. Polar socio-politique, espèce en voie de disparition, “Jour encore, nuit à nouveau” sent l’authentique, le vécu, les rencontres et offre de beaux portraits de gens qui passent la vie dans des quartiers dont on ne parle que quand ça brûle.
Clete
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