Traduction:  Choi Kyungran et Pierre Bisiou.

 

JEONG You-jeong a été infirmière dans une première vie avant de se lancer dans l’écriture de polars psychologiques et connaître de retentissants succès dans son pays, cette “Généalogie du mal “ s’y étant vendue à plus de 600 000 exemplaires.

Chacune de mes incursions dans les polars d’extrême Orient proposés par les éditions Picquier, spécialistes de cette partie du monde, me procure, en plus d’un réel dépaysement, une sorte d’inconfort bien plaisant par les différences culturelles visibles mais aussi des intrigues noires de première qualité et cette “généalogie” ressemble bien à un sommet du genre.

“Yujin, vingt-six ans, se réveille un matin dans l’odeur du sang.
Jusqu’à ce jour, c’était un fils modèle qui se pliait à toutes les règles d’une mère abusive et angoissée. Une mère qui gît en ce moment même au pied de l’escalier, la gorge atrocement ouverte d’une oreille à l’autre.
Que s’est-il passé la nuit dernière ? Seuls des lambeaux d’étranges images émergent de la conscience de Yujin, et le cri angoissé de sa mère. Mais appelait-elle à l’aide ? Ou implorait-elle ?”

Yujin ! en démarrant dans ce roman, vous pénétrez dans son cerveau et vous allez y rester jusqu’au bout d’un huis clos dans l’appartement où vont s’affronter Yulin et ses démons intérieurs mais où il va aussi devoir se battre pour connaître la vérité, les vérités qu’il va moduler à sa manière, dans son cerveau bien malade afin de se protéger. En 400 pages infernales, vous êtes corps et esprit avec lui. “Généalogie du mal” est un roman combinant l’horreur de la réalité vécue par Yujin afin de masquer le meurtre de sa mère quand, enfin, il comprend qu’il en est l’auteur et la recherche dans le passé par le biais d’un journal maternel pour découvrir pourquoi il vit ainsi sous le joug de sa mère omniprésente et de sa tante psychiatre qui lui prescrit un traitement. Petit à petit, on remonte dans le temps tout en sachant que l’origine de cette généalogie macabre viendra certainement d’un moment de vacances, 16 ans plus tôt, quand son père et son frère périrent noyés. Dans le même temps, on vit ses tentatives, ses artifices pour masquer le meurtre.

Explorant les méandres effrayants du cerveau d’un monstre prédateur en pleine éclosion tentant de se sauver en éliminant sans état d’âme les personnes qui le gênent, tout en remontant simultanément vers le moment d’horreur initial, “Généalogie du mal” par son histoire parfaitement menée, par ses deux suspenses parfaitement maîtrisés, par son intelligence dans le propos, par son puissant portrait psychologique d’un prédateur ressemble fort à un énorme coup de coeur, à une lecture qui devrait ravir tous celles et ceux en mal de thrillers intelligents et originaux.

Effroyable!

Wollanup.