Two Nights in Lisbon
Traduction: Karine Lalechère
Chris Pavone, auteur et éditeur américain, fait son entrée à la Série noire avec ce roman. On l’avait découvert en France avec “Les expats” sorti au début des années 2010. On entre dans la saison des gros romans des beaux jours ou de plage, ceci dit sans connotation négative ou élitiste, et la SN n’est pas en reste. Vous n’ignorez pas non plus que les thrillers ne sont pas le principal carburant de Nyctalopes et vous serez pertinents en prenant encore plus que d’habitude mon modeste avis avec des pincettes.
“Ariel et John, récemment mariés, sont à Lisbonne pour le week-end. Dès le premier matin, John disparaît. Ariel le cherche sans relâche, à l’hôtel, à l’hôpital, elle se rend au commissariat et à l’ambassade des États-Unis. Partout, on l’accueille avec réticence et suspicion. Il faut dire qu’Ariel n’a rien d’une fille fiable ; son récit est fluctuant et lacunaire. Et elle ne semble pas connaître si bien que ça ce mari beaucoup plus jeune qu’elle.Or John a été kidnappé et, à la veille de la fête nationale américaine, les ravisseurs réclament une rançon de trois millions de dollars dont Ariel n’a pas le premier cent. À moins de solliciter celui qui…”
Alors que dire ? Il est situé à Lisbonne mais vous pouvez aussi imaginer à la place Berlin, Prague ou n’importe quelle capitale d’ Europe occidentale avec les barrières de la langue, de culture et de lois pour les Américains et son antenne de la CIA. Bien que ce ne soit pas le sujet, il est très difficile de se rendre compte qu’on est dans la capitale portugaise et vous n’apprendrez pas grand chose sur la cité et les Lisboètes à part qu’on peut s’y camer en toute légalité et qu’on y mange une sorte de ragoût…
Par ailleurs, “Deux nuits” semble indiquer un temps assez court, synonyme de roman speedé et ce n’est vraiment pas le cas avec tous les flashbacks new-yorkais sur la vie d’Ariel. Si le début est très réussi, ensuite, ça se traîne et parfois, on a l’impression que c’est plutôt “deux ans à Lisbonne”, enfin… soyons juste, uniquement dans la première partie du roman. La seconde moitié s’avère beaucoup plus passionnante aussi il est bon de persévérer, d’ailleurs l’ennui ne nous accompagne jamais.
La multitude de personnages, certains accentués alors qu’ils sont très accessoires, permet de multiplier les sources de danger mais ralentit un peu l’intrigue et tous ces retours sur la vie d’avant de l’héroïne finissent par lasser. Sinon, Chris Pavone maîtrise très bien les codes du thriller et la fin s’avère très surprenante même si certains twists seront peut-être des flops pour les plus habitués du genre. Ariel a eu beaucoup de malheurs avec la gente masculine dans sa vie et a appris à se défendre, cela ne garantit pas forcément une empathie débordante de la part du lecteur, à voir…Néanmoins, avec des thèmes comme les « fake news », un virage très prononcé vers le politique, les violences faites aux femmes, Deux nuits à Lisbonne est un bon témoin d’une certaine Amérique d’aujourd’hui.
Bref, un très honnête thriller mais qui aura peut-être un tout petit peu de mal à pleinement convaincre les plus exigeants.
Clete.
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