Hogdoggin’
Traduction: Fabrice Pointeau.
“L’agent du FBI Franklin Rome a juré la perte de Billy Lafitte, ex-shérif adjoint dans le Minnesota. À n’importe quel prix. Il est vrai que, pour un homme de loi, l’existence de Billy ressemble à une insulte perpétuelle. Celui-ci a en effet à peu près tous les vices imaginables. Aussi, après quelques tracas avec sa hiérarchie, Billy a-t-il quitté les forces de l’ordre pour entrer dans un groupe de bikers, comme on entre en religion. Là, sous les ordres de l’impitoyable Steel God, il peut enfin mener une existence à peu près tranquille. Mais s’il pense avoir tiré un trait sur son passé, celui-ci le rattrape lorsque l’agent Rome décide de s’en prendre à son ex-femme et à ses enfants.”
Billy Laffite est de retour. On l’avait quitté mal en point à la fin de “Lune noire”, on le retrouve seize mois plus tard au sein d’une bande de bikers avec vingt kilos de plus gagnés grâce à un régime imposé de stéroïdes. Evidemment, il est mieux d’avoir lu le premier volume de la tétralogie mettant en scène cet antihéros du sud bien empêtré dans le Minnesota mais on peut très bien aussi attaquer par celui-ci, loupant quand même quelques scènes bien barjes avec, entre autres, des terroristes un peu “autres”.
Comme dans “Lune noire”, Anthony Neil Smith prend le parti de nous livrer une histoire balançant entre hyper violence, grave bêtise et humour décapant. Par certains aspects, le roman se rapproche de « Mort et vie de Bobby Z de Don Winslow. « Bête noire » est la suite logique du premier mais va plus loin dans l’horreur, dans l’erreur et dans les bouffonneries sans néanmoins se viander dans le grand guignol. Il est certain que si vous n’avez pas goûté le premier, celui-ci n’emportera pas davantage vos suffrages, loin de là. Dans le cas contraire, malgré une fin franchement abrupte, vous devriez aimer cette seconde aventure et cette meute très diversifiée aux trousses d’un Billy plein de bonnes intentions mais se plantant aussi souvent qu’il morfle. Mais il s’en fout de morfler, on s’en prend à sa femme et ses enfants et vraiment il n’aurait pas fallu.
Doué d’une grande aisance à créer des barjes à l’ouest de l’ouest et animés d’une haine particulièrement tenace et féroce, Smith nous gratifie aussi de personnages féminins hauts en couleur ne laissant pas leur part à leurs homologues masculins en matière de comportement irrationnels, stupéfiants et déviants. Du cul à la sauce Smith bien sûr! Même si “parfois”, entre les lignes, on sent, on perçoit un soupçon de tendresse bien planqué, une certaine empathie pour les paumés. Bon, pas dans l’extrait ci-dessous évidemment.
“L’été dans la région trompait tout le monde comme une fille laide bien maquillée. Une fois son visage mis à nu, vous pouviez voir avec quoi vous aviez couché, ce à quoi vous aviez fait des promesses, dans quoi vous aviez planté votre graine, et alors vous étiez coincé.”
Il y a le feu dans le Dakota!
“God damn you, Billy Lafitte”.
Wollanup.
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