Traduction : Sébastien Guillot .

L’acte d’expiation révèle des failles et des sentiments paradoxaux, contradictoires, d’une contrition « imposée » qui n’offre pas un blanc-seing à son auteur. C’est dans la volonté légitime, constructive, de donner un sens nouveau à son existence qu’une jeune adulte défie son passé, cherche à élucider le drame de celle-ci. Entre retour sur des passages antérieurs clefs et mise à plat de son quotidien, les briques se placent et leurs adhésions se font plus réelles.

Un trajectoire de vie a un besoin impérieux, irrépressible, de fondations radiculaires et la tragédie ne peut-être éluder.

« C’est comme ça qu’on sait qu’on est vivant : on se trompe. Le mieux serait peut-être de renoncer d’avoir tort ou raison sur autrui, et continuer, rien que pour la balade. Mais si vous vous y arrivez…alors, vous avez de la chance. »

« Tout le monde dans la paisible ville de Silver Bay croit connaître l’histoire : un dimanche soir de septembre 1991, Ramsey Miller organise une fête entre voisins, durant laquelle il tue sa femme et sa fille âgée de trois ans, puis disparaît.
Mais tout le monde se trompe. La fillette n’est pas morte. En 2006, bientôt âgée de dix-huit ans, elle est fatiguée de vivre dans le secret. Sous le nom de Melanie Denison, elle a fait partie durant quinze ans du programme de protection des témoins, dans une petite bourgade de Virginie-Occidentale. Sans avoir jamais eu le droit de voyager, de prendre des cours de danse, ni même de se connecter à Internet. Des précautions qui doivent être prises à tout instant, car Ramsey Miller n’a jamais été arrêté et chercherait toujours sa fille.
En dépit des règles drastiques qui lui sont imposées, Melanie a entamé une relation avec un jeune professeur de lycée, elle est enceinte de dix semaines. Et elle refuse que son enfant vive prisonnier tout comme elle. Défiant ses tuteurs et prenant les choses en main, Melanie retourne à Silver Bay dans l’espoir de réussir là où les autorités ont toujours échoué : retrouver son père. Avant que lui-même ne la retrouve. »

Michaël Kardos, professeur de littérature et d’écriture créative au sein de l’université d’Etat du Mississipi, est l’auteur du roman « une affaire de trois jours » paru également à la Série Noire.

A l’orée de vie de femme Meg/ Mélanie décide d’affronter ses démons ou plutôt SON démon en la personne de son père responsable de l’homicide de sa mère et de sa vie de recluse. De par sa force de caractère et de son inflexible désir d’éclaircir son lourd passé, elle devra faire face à des vérités dérangeantes, douloureuses. Son géniteur meurtrier en ce jour du 22 Septembre 1991 lui a retiré sa mère mais lui aussi retiré un cadre structurant. Elle tente de lui faire face quinze années après afin de reconstituer cette journée et d’y dresser éventuellement un mobile. En effet le paternel, originaire de Jersey Shore patrie de Bruce Springsteen, semblait montrait des signes précurseurs de troubles de la personnalité précédent le drame.

C’est en alternant les descriptifs des périodes antérieures à la date fatidique puis cette journée où tout bascule, et le présent de Meg que Kardos envahit notre satiété des fondements étiologiques du passage à l’acte. Mais la lumière aura t-elle la teinte, la nuance que tout à chacun pensera entrevoir…. ?

Tant dans sa construction que l’empathie vouée aux personnages dépeints, le roman attise la soif de lecture. L’équilibre, la cohérence et le rythme du récit ne souffrent d’aucun bémol.

Pourvu qu’il ne la retrouve pas ?!….

Chouchou.