“La singularité du Prix littéraire Matmut, « l’édition de votre premier roman » est de faire émerger le talent brut d’un jeune auteur et d’accompagner les différentes étapes de production de son premier roman par le soutien d’un éditeur. Lancé en 2013, ce prix s’adresse aux auteurs de toutes nationalités écrivant en langue française, jamais publiés ou qui l’ont été à compte d’auteur.”
Cette année, le gagnant, honoré pendant le salon de Paris en mars, était Philippe Laidebeur et son premier roman a eu l’honneur d’être édité par Denoël au professionnalisme reconnu depuis longtemps. Ajoutons par ailleurs que le prix est présidé par Philippe Labro dont le talent de journaliste et d’auteur ne sont plus à prouver.
“Il est SDF, clodo, sans abri. Un échec sentimental, un désastre professionnel, et le voilà dans la rue. Il y vit depuis dix ans. Et touchera bientôt le fond de sa descente aux enfers. Vagabond solitaire, il gère son quotidien en évitant les pièges que lui tend la jungle urbaine. C’est tout du moins ce qu’il croit. Une nuit, pour une banale histoire de planches volées, il égorge un vigile et son chien. Il le fait machinalement, sans la moindre émotion. Ce sera le premier meurtre d’une longue série. Tuer pour ne pas être tué, sa vie est aussi primitive que cela. Un jour, il élimine un homme qui lui ressemble de façon étonnante et, tout naturellement, il prend sa place. Il usurpe l’identité d’un étrange et riche inconnu.”
A la fin de la lecture du roman de Philippe laidebeur, on ne peut que reconnaître que la Matmut (je n’ai aucun intérêt ni aucune action chez cet assureur) a, par cet acte de mécénat, offert sa chance à un auteur qui mérite tout à fait d’être connu du public.
Débutant par la destruction, la chute d’un homme bien établi, se retrouvant très rapidement sur le trottoir, le roman va vous envoyer vers des horizons, des territoires cauchemardesques insoupçonnables et très loin des bords de la Seine et du 16ème arrondissement. Le personnage principal devient un assassin, le “d’abord” du titre “j’ai d’abord tué le chien” infèrant parfaitement le lecteur vers un développement monstrueux. Utilisant son rasoir, à l’origine, pour se sauver dans la jungle des bas fonds du macadam parisien, il va très vite en faire usage pour d’autres desseins, pour monter une supercherie qui lui permettra de sortir du marasme. Enfin, c’est ce qu’il pense.
Animé par des chapitres très courts donnant la priorité à l’action, faisant très bien ressentir l’urgence de la situation, le roman va fondre très rapidement vers la folie, vers un trouble dissociatif d’identité qui va contaminer le lecteur, le faisant dangereusement entrer dans le cerveau de plus en plus dérangé d’un héros dont l’ indicible course semble sans fin malgré un format, somme toute, très resserré.
De Charybde en Scylla.
Wollanup.
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