Traduction: Laurent Boscq.
Dans la famille Rand, tous les enfants sont prénommés du nom d’une race de chiens tandis que les canidés sont affublés du nom de présidents. On avait découvert l’univers marginal de cette famille de voleurs l’an dernier dans “les derniers mots” paru aussi à la SN quand l’un des fils, Terrier, revenait d’un exil de cinq ans pour assister à l’exécution d’un de ses frères condamné pour un carnage qu’il avait commis. Chez les Rand, on est voleurs mais pas assassins, on chaparde de moins en moins d’ailleurs, la fratrie périclite ou disparaît, le grand père souffre d’ Alzheimer et le père semble suivre le même chemin de façon assez prématurée. Le premier opus, sans être réellement une pointure, était néanmoins un polar solide de la part d’un auteur beaucoup plus connu pour ses écrits dans le fantastique et l’horreur. “Le dernier murmure” est donc le deuxième volet et aussi, hélas, le dernier puisque Tom Piccirilli est mort en 2015 à l’âge de cinquante ans. Pas de suite à espérer donc et c’est bien dommage de devoir abandonner tous ces personnages bourrus et hauts en couleur.
“Depuis la mort de Mal et l’exécution de Collie, la famille Rand est en lambeaux. Alors que son père sombre dans Alzheimer et que sa jeune sœur, Dale, multiplie les fréquentations douteuses, Terrier Rand doit faire face à ses démons tout en préservant un semblant d’unité.
Quand la famille de sa mère reprend contact après plus de trente ans de silence, Terrier découvre les Crowe. Perry, son grand-père, lui fait une demande aussi impérative qu’étrange : il doit cambrioler ses studios de tournage pour y récupérer des copies de films…
Au même moment, Chub, l’ami d’enfance de Terrier, disparaît dans des circonstances troubles à la suite d’un braquage raté. Sa compagne, Kimmy, l’amour de jeunesse de Terrier, lui demande de l’aider à retrouver son mari.”
Je rappelle que c’est une suite et qu’il sera plus facile de comprendre l’histoire si vous avez lu le premier tome. Ceci dit, l’auteur donne suffisamment de pistes pour que l’on comprenne dans les grandes lignes les sentiments, les regrets de Terrier, personnage principal d’une histoire qui met un peu de temps à devenir un vrai polar. Le début ressemble plus à la chronique d’une famille bien cabossée qui, tout d’un coup, va s’agrandir d’une branche maternelle qu’on ignorait jusque là, la famille Crowe qui avait déshérité sa fille quand elle avait décidé d’épouser un outlaw comme Pinscher Rand.
Alors le ton est assez léger, souvent humoristique, pas exempt comme dans le premier roman de certains poncifs, mais c’est bien écrit, ça fuse et Terry parfois un peu naïf mais loin d’être abruti est un héros très sympathique et au fond de soi, on sait qu’il ne lui arrivera pas grand chose de pire que quelques passages à tabac auxquels il sait par ailleurs répondre très poliment. Dans le dernier tiers du roman, néanmoins, cela commence à bien craindre pour lui mais aussi pour des êtres qui lui sont chers et que vous prendrez aussi sûrement plaisir à découvrir. Puis le sang coule et parle et les réponses à de nombreuses interrogations sont apportées, des secrets familiaux sont dévoilés pour finalement nous laisser tout cons, noyés dans une émotion bien réelle et point niaise avec en plus la tristesse de quitter à jamais la famille Rand.
Ce n’est sûrement pas le roman de l’année mais cela pourrait bien être le bon polar de l’été pour vous.
Wollanup.
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