Chroniques noires et partisanes

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SIX VERSIONS / LE VAMPIRE D’ERGATH de Matt Wesolowski / EquinoX Les Arènes

Beast

Traduction: Antoine Chainas

Bienvenue dans Six Versions, je suis Scott King. Cette saison, nous allons revenir sur le destin tragique de la vlogueuse Elizabeth Barton, décédée en mars 2018.

Hiver 2018. Au bord de la mer du Nord, dans  » la tour du vampire « , le corps d’une vlogueuse de 24 ans, Elizabeth Barton, est retrouvé congelé. Trois de ses anciens camarades de classe sont rapidement condamnés pour ce meurtre. Certains doutent cependant de leur culpabilité.

2020. Le journaliste Scott King, auteur du célèbre podcast Six Versions, mène l’enquête. En interrogeant les proches de la victime, il découvre l’existence d’un challenge funeste auquel s’adonnait la jeunesse d’Ergarth à l’époque du crime : le défi Mort Dans Six Jours. Lequel semble étrangement lié à un mystérieux abattoir à l’écart de la ville…

Dès lors, la sinistre légende du vampire d’Ergarth se dessine.

Après Les orphelins du Mont Scarclaw, La tuerie Macleod et Le disparu du Wentshire, voici le quatrième tome d’une série de six qui développent des “cold cases” sous forme d’un podcast où interviennent six personnes proches de la tragédie, le tout complété par les commentaires de Scott King qui réalise l’enquête.

On aurait pu penser que la série allait s’essouffler avec le nombre d’histoires racontées et il n’en n’est rien. A la lumière des histoires précédentes on s’aperçoit que l’auteur sait se réinventer, joue un peu avec son “héros” qui commence à craindre pour son anonymat avec la notoriété nouvelle de son podcast. Matt Wesolowski fait preuve de beaucoup plus de liant, les témoignages font avancer l’intrigue à un rythme optimal permettant la progression dans l’histoire mais aussi une cogitation sur les différents témoignages et les pistes proposées par l’auteur.

L’ensemble reste passionnant et peut-être mieux développé que précédemment, plus précis dans l’aspect sociologique. Au sommaire de Le vampire d’Ergath : une mort non résolue malgré la condamnation des trois coupables, un lieu maudit, une légende locale, des légendes urbaines, une cité sinistrée du nord-est de l’Angleterre, un panorama économique et social performant, une jeunesse perdue, déboussolée, des profils psychologiques, une jeunesse “plantée”, les dangers des réseaux sociaux (beaucoup d’apports passionnants et terrifiants sur leur réel contenu et leurs dérives, aussi pertinents que chez Jo Nesbo) et bien sûr le talent et la malice de Matt Wesolowski.

Si vous avez lu les précédents, il est certain que vous ne tomberez plus dans certains pièges tendus par l’auteur mais vous ne les éviterez pas tous. Par ailleurs, à la lecture de ce quatrième opus, vous pouvez entamer aisément une lecture précise sur la méthode utilisée, les invariants de chaque histoire, l’ossature générale sur laquelle il greffe des éléments de découverte, de relance ou d’émissions d’hypothèses. Enfin, au niveau de l’environnement de la tragédie, le propos est beaucoup plus précis, du niveau de True Crime Story de Joseph Knox.

On ne peut qu’envier celles et ceux qui découvriront Six versions avec Le vampire d’Ergath certainement le plus réussi d’une série totalement novatrice, bien calibrée pour une lecture en un week-end et offrant beaucoup de plaisir aux amateurs de “true crime” et autres enquêteurs en herbe.

Solide !

Clete.

SIX VERSIONS / LES SIX ORPHELINS DU MONT SCARCLAW de Matt Wesolowski / EquinoX

Traduction: Antoine Chainas

“Un soir d’août, sur les pentes sauvages de la montagne écossaise, Tom Jeffries, quinze ans, disparaît. L’été suivant, son corps est retrouvé dans les marécages. Accident ou crime ? Le doute subsiste. 

Vingt ans plus tard, dans son célèbre podcast « Six Versions », Scott King donne la parole aux témoins pour tenter de résoudre l’énigme.« 

Matt Wesolowski a inventé le personnage de Scott King, animateur d’un podcast qui reprend en six épisodes hebdomadaires des affaires depuis longtemps enterrées, des cold cases qu’il réchauffe en interviewant six personnes, acteurs plus ou moins proches de la tragédie. Les orphelins de mont Scarclaw est le premier volume, le second, La tuerie Macleod sortira en mars.

Les séries true crime des plate-formes séduisent  mais aussi passionnantes qu’elles puissent être si le montage est performant, elles peuvent nuire au temps de lecture de chacun. D’ailleurs, autre débat hors sujet, les jeunes lisent-ils encore ou préfèrent-ils tout simplement être guidés confortablement par les épisodes que l’on prend quand l’envie vous prend et dont le format de 45 minutes est confortable, ne nuisant pas au temps dévolu à d’autres activités. 

 L’auteur, natif de Newcastle, Matt Wesolowki, éducateur pour jeunes a dû s’interroger sur ce phénomène avant de créer cette délicieuse « six versions » qui reprend de vieilles affaires non résolues, des « cold cases » sur le principe d’épisodes de podcasts qu’on peut lire d’une traite si on accroche et vous accrocherez ou qu’on peut reprendre aisément après une pause avec des parties très bien délimitées mettant en lumière un seul personnage à chaque fois.

Les orphelins de mont Scarclaw, premier de la série, avec cet ado perdu, bouffé par une forêt et recraché un an après ne brille pas, c’est évident, par son originalité scénaristique. Mais, après le premier épisode où on évacue l’éventuelle responsabilité des deux adultes accompagnateurs, on va vers une intrigue passionnante intéressant uniquement des ados, devenus aujourd’hui des adultes hantés plus ou moins par cette tragédie depuis deux décennies.

Et là, on a un beau florilège des désarrois et désordres habituels des adolescents: alcool, cannabis, histoires de cœur, de cul, rivalités dans le groupe, désirs de séduction, attrait du morbide, fréquentations dangereuses, méchanceté, mythomanie… Petit à petit, le lecteur se fait un opinion souvent battue en brèche par le témoignage suivant. On écoute, interprète, s’interroge, s’étonne de certains silences ou d’oublis.

Le suspense est crescendo, on avance bon train, en se dirigeant inexorablement vers le centre d’une cible toujours floue, accident ou meurtre ? Mais on est loin du compte quand apparaît en plus la possibilité, l’éventualité du surnaturel, de la légende ? Antoine Chainas, l’auteur du virtuose Bois aux renards  tout juste sorti et également traducteur du roman a dû apprécier cette intrigue frôlée, effleurée par le fantastique et animée par la mythification d’un lieu.

Matt Wesolowki, malin, sait très bien agripper son lecteur, l’épouvanter avec un roman qui ne comporte pourtant aucune goutte de sang, pas la moindre violence, pour mieux l’abandonner au bord du chemin avec une dernière version de l’histoire… la sienne.

Chapeau !

Clete.

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