Clément Milian est un jeune auteur français, « Planète vide » est son premier roman.
«Patrice Gbemba, dit Papa, était né sur Terre, mais il s’y sentait étranger. Au ciel bleu pollué de la ville, il préférait les étoiles. Aux voitures, il préférait les fusées. Aux hommes enfin, qu’il appelait les autres, il préférait les bêtes.
Depuis tout enfant, timide, il avait souffert des groupes. Il en avait tant souffert, même, qu’il se sentait maudit.
Papa ne croyait pourtant pas aux malédictions. Il ne croyait pas au destin.
Il ne pouvait se douter qu’un jour prochain, il tuerait.»
Jeune garçon décalé, Papa est harcelé au collège. Il tient le coup grâce à son livre sur les étoiles, par lequel il s’évade, préférant vivre loin des autres qui le persécutent. Il voudrait se rendre invisible, mais cette attitude de fuite attise la fureur des caïds de l’école et décuple leur violence. La cible est sans défense, ils peuvent s’en donner à cœur joie sans risque ! Papa terrorisé est incapable d’en parler à sa mère qui vit seule et a du mal à joindre les deux bouts : il ne veut pas lui causer de soucis supplémentaires. On ressent l’implacable violence du harcèlement au collège où la tolérance n’est pas la vertu principale, la différence mal vécue et l’instinct grégaire à son plus haut niveau.
Un jour pourtant Papa a un geste de défense ou plutôt de désespoir et son persécuteur se fait écraser par une voiture, il ne voit alors pas d’autre solution que de fuir, pour de bon cette fois. Il se retrouve à errer dans Paris. Ce court roman, Clément Milian le construit par petites touches, à la manière d’un impressionniste : phrases courtes, chapitres courts. Il crée une ambiance onirique qui correspond à la manière dont Papa, gamin paumé et attachant comprend le monde.
Au cours de son errance dans Paris, Papa observe les êtres humains qui lui semblent si étranges. Seul, désespéré, il n’est pas loin de renoncer à tout. Dans les recoins sombres où il se cache, il fait forcément des rencontres bizarres qui tour à tour l’effrayent ou le subjuguent et finalement apprend à relever la tête : une étincelle d’espoir dans un monde franchement noir, pas vraiment réaliste mais qui colle avec l’ambiance poétique du livre.
Un roman initiatique comme un conte, un univers bien particulier.
Raccoon.
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