Chroniques noires et partisanes

Étiquette : mark safranko

CONFESSIONS D’UN LOSER ET AUTRES ROMANS de Mark SaFranko / La Croisée.

Traduction: Karine Lalechere, Nadine Gassie et Guillaume Rebillon.

Version 1.0.0

De 2008 à 2014, les éphémères 13ième Note Editions nous avait offert de multiples plongées dans l’underground ricain, en nous faisant découvrir des auteurs inconnus, des romans inédits d’auteurs plus ou moins connus, reconnus… un bonheur pour tous les amoureux des States. Dans cette belle déferlante composée de pointures comme Jerry Stahl, Willy Vlautin, Dan Fante, Kent Anderson… se trouvait un auteur totalement inconnu chez nous Mark SaFranko, auteur d’une belle quadrilogie autour d’un personnage Max Zajack, sorte de clone littéraire de l’auteur originaire du New Jersey. Depuis quelques années, ces quatre romans étaient introuvables et on ne peut que se réjouir de l’initiative des Editions la Croisée de réunir ces quatre écrits en un seul volume.

La série est initiée en 2009 avec Putain d’Olivia (c’est vrai qu’elle est très chiante !) où SaFranko raconte sa vie amoureuse très explosive avec Olivia, son addiction à cette fille. Suivront Confessions d’un loser et Travaux forcés où Jack affronte la réalité du monde de travail et de la vie lui qui n’aspire qu’à écrire. Entre les deux se glisse Dieu bénisse l’Amérique, récit touchant et parfois irrésistible de l’enfance américaine de Zack, particulièrement propice à déclencher une addiction à SaFranko et dont je conseillerais la lecture en premier.

Ignoré aux USA, Mark SaFranko, grâce au courage de plusieurs éditeurs français, a continué à être édité chez nous et Nyctalopes l’a suivi. On signalera tout d’abord une suite des aventures de Zack sortie en 2022 chez Mediapop éditions Tout sauf Hollywood. Sont parus aussi un recueil de nouvelles Le fracas d’une vague chez Kicking Records et des romans très malins comme Un faux pas chez la Dragonne et le sombre Suicide chez Inculte que nous avons tout particulièrement apprécié.

Adepte du « dirty realism », on peut aisément rapprocher SaFranko de John Fante ou Bukowski mais aussi évidemment de Arthur Nersesian que la Croisée nous a fait découvrir récemment. Il est certain que les lecteurs de Fuck up et Dogrun vivront dans ce joli volume particulièrement roboratif multiples petits bonheurs au milieu de toutes ces galères.

Culte !

Clete.

PS: Mark SaFranko est aussi, entre autres, musicien.

TOUT SAUF HOLLYWOOD de Mark SaFranko / Médiapop Editions

Nowhere near Hollywood

Traduction: Annie Brun

— Budweiser.

 Je n’avais pas envie d’une bière chère ou fantaisie.

 Il a tiré une pinte et l’a placée devant moi. Elle avait aussi peu de gaz qu’un pneu à plat, mais au moins elle était fraîche. 

 Je me suis mis à ruminer. J’avais trente-quatre ans et rien à mon actif. Ça faisait treize ou quatorze ans que j’écrivais, et j’avais tout essayé — des pièces, des romans, des nouvelles, de la musique. J’avais même été reporter professionnel pendant deux ans pour des quotidiens et pour un magazine régional, mais j’étais nul comme journaliste parce que je me foutais totalement de ce qui se passait dans le monde. À vrai dire toutes mes tentatives avaient foiré.

Voilà pour les présentations avec Max Zajack, héros récurrent de Mark SaFranko, dont on dit souvent que c’est son double, ce que sincèrement je n’espère pas pour l’auteur. Max est un type qui joue les angoissés pour mieux glander. Et comme tout vrai glandeur, il est constamment en train de tenter un truc pour faire rentrer un peu de fric, et aussi malheureusement d’échouer. Écrivain sans lecteurs qui se rêve acteur, Max collectionne les rôles foireux tel ce cadavre en début de film qu’on ne voit que quelques secondes, se retrouve factotum sur un tournage. C’est un mec sympa, un peu vaurien mais pas méchant ; il est soutenu moralement par l’admirable Gayle avec qui il vit et qui croit dur comme fer en ses talents d’auteur.
L’histoire de l’écrivain raté a déjà été racontée des dizaines de fois dans des romans, des films, etc. C’est à nouveau le cas, il n’y a pas vraiment d’intrigue dans  Tout sauf Hollywood . Il ne se passe rien de vraiment exceptionnel.
Et pourtant c’est bon, furieusement bon ! Connaissez-vous beaucoup d’auteurs capables d’écrire des phrases de ce genre : “Moi, par terre, j’aurais pu être n’importe quoi — un gant, une chaussure, un poil de cul. ; ou comme Ma seule apparition torpillait la plus animée des conversations, qui devenait aussi morte qu’Abraham Lincoln. ; ou encore Tout était tellement mauvais qu’on aurait pas su dire où ça pêchait. »

 Le livre est truffé de pépites comme celles-ci, il est difficile de choisir une citation en particulier. Cela paraît si facile, si simple, alors que non, tout mot est pesé, évalué, taillé. Mark SaFranko est un styliste ; tout son talent est entièrement contenu dans cette modestie, cette humilité qui chaque fois m’étonne, cette totale absence de recherche de la phrase qui fait mouche. Ça frôle le rudimentaire, ou la nonchalance.

 « C’est usant d’être déçu encore et encore. Tu finis par te dire que rien ne changera jamais. Que toute ta vie les choses ne feront que s’aggraver, et que c’est normal. Tu t’habitues à te faire flinguer. Et peu à peu tu réalises que t’en as plus rien à battre.« 


Max Zajack c’est un personnage d’Emmanuel Bove ou de Pascal Garnier, qui serait passé par les « Idées noires » de Franquin, ou chez Blake Edwards. Un humour assez noir traverse les pages, et côtoie le désespoir, la tristesse de vieillir, et cette chose inventée pour souffrir : le besoin de reconnaissance. On a envie de prendre dans les bras ce pauvre gars qui court en tous sens pour quelques dollars, quitte à imiter un chef Indien dans une pub pour des hot-dogs, ou à baisser son caleçon lors d’un casting. Il bataille pour essayer de placer « Le dragon écliptique », sa pièce sur Henry Miller, dont l’ombre plane sur le roman de bout en bout. Mais c’est à croire que tout se ligue contre lui. Acteurs, metteurs en scène, producteurs, tous flanchent à un moment ou un autre, sans exception. 

 Max collectionne les humiliations, excelle dans les échecs. Une pareille constance dans la malchance mérite le respect. 

 Max Zajack est un obstiné malgré lui.

NicoTag

Max Zajack n’est pas le seul à essayer de percer. Malgré une dizaine de 45t virulents, The Creation n’a jamais été sur devant de la scène.

LE FRACAS D’UNE VAGUE de Mark SaFranko / Kicking Records

Pour les aficionados de Mark SaFranko, ces derniers mois ont marqué le retour de l’auteur américain en version française. Les éditeurs La dragonne et Inculte ont en effet publié (ou republié) trois romans, dûment chroniqués par Nyctalopes.  L’inventaire serait toutefois incomplet si nous n’y ajoutions pas Le fracas d’une vague, une compilation littéraire de nouvelles et poèmes en prose, suivis d’un entretien récent avec l’auteur. Il est vrai que Kicking Records est plus connu sans doute comme un label dédié au rock version bruitiste ou rageuse.  Il publie toutefois quelques ouvrages (monographies, BD, recueils) non sans rapport avec le rock version bruitiste ou rageuse. Mark SaFranko est lui-même chanteur et compositeur.

Le fracas d’une vague se compose principalement de 6 nouvelles inédites (qui « font partie des toutes meilleures que j’ai écrites » déclare l’auteur) et de 12 poèmes en prose et est illustré par des linogravures du plus bel effet de Delphine Bucher, révélatrices du spleen américain provincial qui imprègne les textes. Pour le dire autrement, on a eu des bouquins plus mal fagotés en main.

Dans ce pays où il a bourlingué du nord au sud et d’est en ouest (et cela se sent), Mark SaFranko nous transporte dans les endroits les plus mornes et les communautés les plus bornées, à l’écart des grandes cités et des grandes circulations. Même si le cadre naturel force aux lisières sa beauté et sa sauvagerie, c’est des tourments des humains dont Mark SaFranko fait son miel sombre. Un homme, une femme. Ils sont rencontrés, ils se quittent. Ils doivent s’oublier. Et ça fait mal, longtemps après encore. Ou bien ils se rencontrent et il ne vaudrait mieux pas. Mais que voulez-vous faire contre le chagrin, l’ennui ou la tentation ? Pour Mark SaFranko, les élans du désir et les relations sentimentales semblent immanquablement marqués du sceau de l’erreur,  de l’affliction et de l’échec. C’est affirmé et répété au fil de ces 6 pièces de blues mélancolique, parachevé par L’homme de la chambre 24. Une femme abandonnée, qui se sent en plein déclin, (« Un exil. Elle approchait de la cinquantaine – un chiffre impensable – comme dans la gueule d’un animal sauvage. ») noue une irrépressible relation charnelle avec un client de son motel, malgré l’aspect dangereux du quidam. La plus belle et la plus dure des nouvelles du recueil à mon sens. Pas de côté dans cet ensemble, la nouvelle Maudit Refrain ravira les adeptes du genre musical. Elle revisite avec un comique féroce le personnage de l’ancien musico, méchant loser, incapable de passer à la postérité ni même de se faire reconnaître au présent comme méchant tout court.

L’ouvrage propose aussi pour la première fois un aperçu de la poésie de Mark SaFranko, « décomplexée, fulgurante et sans fioritures. » Les 12 poèmes, dans l’immédiateté, racontent l’homme « rempli » du besoin d’écrire, les obstacles qu’il rencontre, les déceptions qu’il lui faut avaler. L’entretien en long qui suit nous fait connaître un peu mieux si c’était nécessaire l’auteur, son parcours et les liens tissés avec la France, attestés aussi avec la publication du Fracas d’une vague qui a bénéficié de son implication sincère.

Sans fracas, du beau, du bon SaFranko, habillé en tuxedo par Kicking.

Paotrsaout


PUTAIN D’OLIVIA de Mark SaFranko / La Dragonne.

Hating Olivia

Traduction: Annie Brun

New York, milieu des années 70, le spectre du cauchemar vietnamien des jeunes générations ricaines n’est plus et Max Zajack apprenti-écrivain et expert glandeur peut rêver sereinement d’ un avenir dans la littérature loin des petits jobs mal payés et précaires de son quotidien.

Une jeunesse bohème pour Max qui succombe à un coup de foudre pour Olivia. On n’est jamais préparé à un tel cataclysme et si le bonheur est total dans la relation fusionnelle des débuts, la vie, la personnalité de chacun et surtout celle d’Olivia, l’absence d’avenir doré perceptible, la précarité de la situation, la flemme patente de Max vont vite pourrir le tableau. 

“Putain d’Olivia” est le premier opus d’une tétralogie consacrée à Max, possible clone de Mark SaFranko véritable touche à tout du monde de la création artistique: romancier, dramaturge, nouvelliste, acteur, chanteur, compositeur et interprète. Les aventures de Max , avec en point d’orgue “Dieu bénisse l’Amérique” sont sorties il y a une dizaine d’années aux éditions aujourd’hui disparues “13ème note” et il est heureux que la Dragonne donne une deuxième chance à ces quatre bons romans. SaFranko, absent pendant de longues années des librairies français, est aussi réapparu sur le catalogue des éditions Inculte avec le très sombre ”Suicide” dont on espère lire bientôt la suite. Signalons aussi un recueil de nouvelles et de poésie chez Kicking Records. 2019, année française de Mark SaFranko.

Avec sa plume simplement précise, efficacement addictive, avec toujours une malice, une fausse naïveté, une évidente tendresse, SaFranko choisit un mode narratif en de nombreux points burlesque, prend le parti d’en rire plutôt que de montrer les larmes, un peu comme dans les films de Chaplin mais le drame, la douleur ne sont jamais très loin. SaFranko peint avec beaucoup d’humour une passion amoureuse dans sa réalité très banale, une relation toxique qui rend malheureuse les deux amants. On est parfois proche des univers contés par Bukowski, dans les pas d’un John Fante. Le réalisme est de mise, à un point tel que Max et Olivia nous sont rapidement intimes et que très rapidement “we care”.

Derrière l’histoire d’un désastre, derrière la “chronique d’une mort annoncée”, se glissent aussi des éléments du “mainstream” ricain, le monde du travail chez l’oncle Sam, la difficulté de percer dans le monde littéraire mais surtout, surtout, sans rentrer dans les détails, le titre est parfait, rien à ajouter…

PUTAIN D’ OLIVIA ! 

Mark SaFranko, c’est l’Amérique.

Wollanup.


UN FAUX PAS de Mark SaFranko / La Dragonne.

Traduction: Annie Brun.

Clay Bowers, la quarantaine resplendissante est l’image même de l’Américain moyen tel qu’on l’imagine parfois, qu’on le représente souvent. Sympa dès le premier abord, dents blanches, mâchoire carrée, d’ascendance irlandaise, bon père de famille, une gentille fille à la fac, époux attentionné, patron sérieux d’une petite entreprise “Bowers Toitures”, grosses godasses Timberland, casquette des Phillies, épaisse chemise à carreaux sur un tee shirt blanc, vieux jeans, gros ceinturon, pick up ricain Chevy, barbecue le week end avec les potes, un vrai pub pour la Budweiser ou la Sam Adams… Un rêve américain blanc en Pennsylvanie que Mark SaFranko va flinguer méchamment par la chute fatale d’un toit de Clay, occupé à mater la cliente habillée très légèrement passant dans le jardin… 

“Bordel, dans cette tenue, qu’elle était excitante! Quand il irait dans la maison repeindre les murs intérieurs _ et il avait bien l’intention de s’en occuper personnellement _ il aurait une chance de se trouver seul avec elle. Et là, avec un peu de bol…”

Eh ouais, Clay a une bite à la place du cerveau et s’il a toujours réussi à “baisouiller” sans se faire prendre par les maris et sans laisser trop de plumes auprès de son épouse Alicia, là, il va payer très fort toutes ses infidélités. Devenu paraplégique, impuissant, totalement dépendant, passant ses journées à broyer du noir devant le cable, ressassant sa vie d’avant, revivant en pensée ses exploits passés, rêvant la nuit de courses sur le sable chaud, ne pouvant plus que fantasmer des passions pour ces “desesperate housewives” de son voisinage, Clay ne voit pas ce qui se trame dans son dos quand Alicia le promène.

La Terre continue de tourner, le monde d’avancer pendant qu’il est coincé dans son fauteuil à quatre roues. Alicia, sa belle amoureuse d’il y a vingt ans, sa belle fidèle épouse blonde aux yeux bleus qu’il considérait quasiment comme un meuble, comme sa propriété dans tous les cas, commence à se dire que sa vie n’est pas terminée en entrant juste dans une quarantaine épanouie. Si Clay n’est plus le fringant macho, le beau mec d’avant sa gamelle fatale, son homme qu’elle aimait tant avant qu’il la trahisse, elle, elle a des envies et des besoins et Clay va devoir s’y faire de gré ou de force. De toute façon, comment pourrait-il se montrer arrogant, incapable qu’il est à vivre comme un homme normal. Petit à petit, Clay va comprendre, d’abord incrédule puis stupéfait puis …

“Clayton ne savait plus du tout où il en était. Moins par jalousie_ il se sentait jaloux, bien sûr_ que par effarement devant la mutation de sa femme. Une étrangère. Il ne la reconnaissait plus. Il se rendait compte qu’elle affichait la même arrogance tranquille que lui autrefois, ce dont il n’avait pas conscience à l’époque, mais avec un aplomb déconcertant.”

Une fois de plus Mark SaFranko atteint sa cible, la défonce. Après le terriblement poignant “Suicide”, SaFranko revient à un ton plus proche de son cycle Cycle Max Zajack où il mariait admirablement drame et  comédie avec un ton acide, moqueur voire carrément méchant mais souvent si humain. “Faux pas” est une sacrée comédie noire, très noire. Clay va prendre cher, va regretter ces années de galipettes dans des lits étrangers …

“Les yeux exorbités, il vit danser sur le mur les silhouettes enlacées de sa femme et d’Archer…”

Mais, mais, mais jusqu’à quel point peut-on humilier une personne ?

“Il la regardait avec un effarement qu’il arrivait à peine à dissimuler, tout en s’y efforçant car au dernier round d’un match de boxe, mieux vaut ne pas laisser voir à l’adversaire qu’on a été durement touché.”

“Suicide” chez Inculte, “Faux pas” à la Dragonne, merci à ces deux éditeurs de nous permettre de lire SaFranko. Puissent leurs efforts permettre la connaissance et la reconnaissance d’un auteur à la classe folle que tous les fans de John Fante devraient déjà avoir lu.


Pour happy few… PUTAIN D’ALICIA!

Wollanup.

PS: Réédition avec une nouvelle traduction de « Putain d’Olivia » le 11 septembre à La Dragonne. On vous en parlera.

SUICIDE de Mark SaFranko / Editions Inculte.

A la mort de 13ème note éditions en 2014, Mark Safranko a disparu des librairies françaises. On trouve encore quelques exemplaires des romans édités à l’époque sur le net mais quasiment au prix du Beluga. Ces quatre romans racontaient l’enfance et la jeunesse de Max Zajack, en fait SaFranko, fils d’immigré polonais tentant de faire son trou en Amérique. C’était dur, épique, parfois drôle pas loin de l’oeuvre de John Fante. SaFranko a d’ailleurs été ami avec son fils Dan Fante, écrivain lui-aussi, décédé et il y a quelques années.

Ce nouveau roman a été traduit dans le cadre d’une résidence littéraire à Nancy (ARIEL) où séjournait SaFranko l’automne dernier  et participant à de nombreux travaux autour de la littérature. Il s’agit d’une traduction collaborative réalisée sous la direction de Barbara Schmidt avec les étudiants de l’université de Lorraine et de classe préparatoire littéraire du Lycée Henri Poincaré de Nancy d’un roman éponyme sorti aux USA en 2014.

Et je ne peux cacher le bonheur qui est le mien de retrouver SaFranko, merci aux éditions Inculte d’avoir comblé ce manque.

“L’intrigue se déroule à Hoboken et New York, en 2002, et met en scène un inspecteur de police, Brian Vincenti, en pleine crise existentielle.Tiraillé entre son enquête sur la chute suspecte d’une jeune femme depuis l’un des immeubles d’un quartier gentrifié d’Hoboken et son impuissance à sauver son mariage, Vincenti navigue dans les rues d’Hoboken et de New York à la recherche, presque obsessionnelle, de réponses à ses questions dans un paysage urbain encore marqué par les récents attentats du 11 septembre 2001.”

Si l’humour permettait autrefois d’atténuer le ressenti des souffrances du jeune Max Zajack, ici, point de rédemption. On est dans le Noir, le sale, le désespéré, les vies ratées, les gens qui s’accrochent et ceux, plus nombreux qui flanchent et SaFranko vous raconte une histoire très moche entre quatre yeux, impossible de se défiler.

Commencé comme une enquête de routine pour un Brian Vincenti, bien mal marié, mal dans sa vie, mal dans sa tête, l’affaire, petit à petit, dans un faux petit rythme, va vite prendre le cerveau du flic, le hanter, le faire revenir à un période bien triste et sale de sa vie. SaFranko nous prend aux tripes, n’épargne rien du malheur à en crever de ces gens, les peignant dans leur réalité très ordinaire, pitoyable ou honteuse comme le faisait si bien Carver. Alors, ce n’est pas une lecture confortable, ce n’est pas du “feel good” mais quel talent pour magnifier l’horreur, le malheur ordinaire. On sort du bouquin un peu hagard, flingué, mais aussi heureux de retrouver enfin un tel grand auteur. Si vous partagez un peu nos choix… vous ne trouverez pas de polar équivalent à “Suicide” cette année.

Mortel !

Wollanup.


© 2025 Nyctalopes

Theme by Anders NorenUp ↑