Traduction: Serge Quadruppani.

« Début des années 80. Dans une Turin dominée par la Fiat, où les Brigades rouges tirent leurs derniers coups de feu, Giovanni Oddone, petit dealeur et demi-maquereau que seuls le football et les grosses voitures passionnent, est arrêté à la suite d’un imbroglio qui lui vaut d’être accusé de terrorisme. Mais, du fond de sa prison, il va se lancer dans une entreprise à la mesure de son hilarante mégalomanie : monter une arnaque grandiose impliquant la Fiat, la Toro – l’autre équipe de foot turinoise – et Kadhafi. Pour cela, il va utiliser les charmes plastiques de Cosetta, sa petite amie pas vraiment soumise, et les folies cocaïnées d’une héritière fantasque de l’empire Agnelli, mais il lui faudra compter sur de nombreux adversaires : les bureaucrates du foot, une policière amoureuse de Cosetta et surtout la mafia, qui tire les ficelles. »

 Encore une jolie petite trouvaille des éditions Métailié avec ce polar de Luca Masali très connu en Italie mais pour de la SF. Ici, c’est un roman qui va flirter allègrement avec la comédie très burlesque avant de se glisser vers des horizons beaucoup plus sombres créant un suspense qui ne connaîtra son dénouement qu’en toute fin de roman.

Pas besoin d’être fan de foot pour aimer ce roman et puis le foot, en Italie, c’est une religion, un invariant de la société italienne où les meilleurs amis peuvent ne plus se parler le lendemain d’un Lazio / Roma, d’un Inter /Milan AC et bien sûr, et c’est ce qui nous importe d’un Juventus / Toro à Turin. Passons sous les symboliques et sous les aspects politiques de l’histoire des clubs : ce qui nous intéresse, c’est l’attachement éternel à un club, à un maillot dès la plus petite enfance, tout le folklore raconté avec amusement par l’auteur.

Pas non plus besoin de s’intéresser à la geopolitique ou au monde des barbouzes pour apprécier le rôle des services secrets russes, ricains, iraniens mis en alerte à la suite d’une méprise de Giovanni, identifié, à tort, dans la mouvance terroriste qui frappe le pays à l’époque. Quant à l’opération que tente de monter notre pathétique héros, en payant durement de sa personne, avec le dictateur libyen, elle contient un fond de vérité puisqu’un des fils de Khadafi a bien été actionnaire de la Juve, bien plus tard, dans les années 2000 et avait même commencé une carrière de footballeur pro adoubé par les relations et les pressions de son père car ses qualités intrinsèques de footballeur ne sautaient pas immédiatement aux yeux des entraîneurs. Je vous conseille de jeter un œil sur la fiche wikipédia de l’abruti, elle vaut tous les romans.

Bref, l’aspect footballistique comme les références à Kadhafi ne doivent pas vous freiner et si vous désirez passer un bon moment de bouffonneries parfois assez grasses mais par ailleurs toutes très exubérantes, suivez les pérégrinations de Giovanni Oddone, un peu proxo, un peu barjot, très mégalo et grand fan du Toro aux prises avec la police et la Maffia dans l’Italie des années 80.

Exubérant !

Wollanup.