Traduction: Michal Pacvon / Aline Azoulay.
Les éditions Mirobole frappent fort pour cette rentrée littéraire et nous donnent du fil à retordre avec cette œuvre folle de Michal Ajvaz, écrivain Tchèque, L’âge d’or.
“À travers un carnet d’exploration fictif, un voyageur revisite en imagination l’île peuplée d’excentriques où il vécut plusieurs années, faisant resurgir un univers de bruissements, d’odeurs et de lumières mouvantes, royaume de l’étrange et du beau dont le joyau le plus envoûtant est un livre labyrinthique que les indigènes complètent ou altèrent au gré de leurs humeurs…
Sur les traces de Michal Ajvaz et de son narrateur nostalgique, le lecteur arpente cette île mystérieuse, royaume de l’insensé et de l’absurde à la géographie vaporeuse, au langage mouvant, au gouvernement improbable, et se perd dans un roman extravagant à la lisière d’un guide touristique devenu fou, au fil d’un imaginaire qui file à bride abattue…”
Comment parler de ce roman ? Question qu’on se pose souvent : un roman adoré est souvent difficile à chroniquer parce qu’il est difficile de mettre des mots (pour ma part) sur ce que nous avons ressenti et ce qui nous a enjoués lors de la lecture.
En plus de notre engouement pour L’âge d’or, ce joyeux bordel ne facilite pas la tâche d’écriture.
Tout commence comme un guide, courts chapitres titrés en fonction des sujets abordés par l’auteur. Rien d’anormal de prime abord. L’auteur nous emmène sur une île dans l’atlantique habitée par un peuple nommé les insulaires. Avec de longues descriptions, Michal Ajvaz va nous dépeindre et nous expliquer le monde dans lequel vivent ces gens ainsi que leur mode de vie.
Et il y a de quoi être étonné !
L’auteur se fait ethnologue et nous décrit ce monde d’une manière si précise que le surréalisme devient presque réel. Il est décrit le mode de vie de ces insulaires dont le travail consiste à extraire de temps en temps des diamants pour le commerce ; leur cuisine étrange ainsi que leur politique qui consiste en l’élection d’un roi ou d’une reine qui ne sert presque à rien, les lois passent par le bouche à oreille et se transforment en cours de chemin.
L’importance des détails apportés par l’auteur fait la force de ce texte mais aussi sa faiblesse. La prose poétique ainsi que les interrogations de l’auteur par rapport à cette île participent au réalisme, et il est difficile de remettre en question l’existence de ce lieu. Pourtant à mesure que les chapitres se suivent nous ressentons un certain ennui qui nous pousse parfois à sauter des passages, à fermer le livre et remettre la lecture au lendemain, où même à abandonner.
Comme s’il s’en doutait Michal Ajvaz se joue de nous en glissant un récit dans le récit narrant une histoire que les insulaires ont écrit dans le seul livre que compte l’île (l’art n’existe pas) : une histoire de princes et princesses, roi et reine aux destins lugubres. A partir de là, on ne peut plus lâcher le roman. Bien évidemment, ce n’est pas sans compter quelques digressions qui détruisent le rythme de l’histoire mais peu importe, nous avons lâché prise depuis longtemps. Pourtant on comprend vite que ces digressions, ces changements de rythme ne sont pas dénués de sens et sont même nécessaires pour une bonne compréhension du roman.
Finalement, si la lecture semble laborieuse au point de se cogner la tête contre les murs, on ressort de cette expérience surréaliste avec l’esprit voyageur. En clair, Michal Ajvaz, qu’il en soit conscient ou non cherche à nous faire comprendre qu’il serait temps, comme les insulaires, de s’affranchir des règles imposées par la société et de se laisser vivre de temps en temps malgré les difficultés du quotidien et la noirceur du monde.
Un vrai roman social !
Bison d’Or.
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