The Sepherd’s Hut

Traduction: Jean Esch

C’est quand il découvre son père mort sous son pickup que Jaxie décide de s’enfuir, pensant qu’il sera le coupable idéal, la haine qu’il voue à son père n’ayant d’égale que la force des poings de celui-ci quand il le tabasse. Pour éviter la police qu’il pense résolue à le mettre en cabane, il décide de s’aventurer dans le bush, à pied et mal équipé. C’est son calvaire dans un environnement hostile, entremêlé de souvenirs sur la maladie de sa mère, sur l’ignominie de son père et sur son histoire d’amour avec Lee, sa cousine qu’il envisage d’enlever pour une fuite ensemble, qui occupe une longue première partie qui se termine heureusement juste avant qu’apparaissent les premiers bâillements.

Le ton est bon, Jaxie sonne juste en ado en cavale mi racaille, mi coeur tendre mais on espère néanmoins que le roman ne va pas se résumer à un long monologue, à du nature writing australien. Heureusement, débarque un curé défroqué qui vit dans ce grand nulle part sans électricité et qui va mettre des étincelles à un récit qui devient alors passionnant. Le père Fintan MacGillis, prêtre irlandais se cache là depuis des années. De son propre aveu, il a fait des saloperies qui l’obligent à survivre seul dans le trou du cul du monde, mais le mystère demeurera sur ses délits ce qui ne manquera pas d’inquiéter un Jaxie, dans l’expectative. Comme lui-même ne veut rien dévoiler au prêtre de son drame, cette deuxième partie ressemble à un huis clos planté au cœur du bush, un étrange jeu du chat et de la souris.

Mais, pour le vieux fou comme pour Jaxie, le danger viendra d’une adversité imprévisible et chacun devra tenter de sauver sa peau. Ce sera l’heure des choix graves dans l’urgence, de ceux qui marquent une vie de façon indélébile et la troisième partie verra naître une émotion terrible, insoupçonnée.

Alors, peut-être que certains, après avoir lu le premier chapitre semblant annoncer une cavale folle en jeep avec moteurs hurlants et flingues dans la boîte à gants, resteront sur le bord de la route ou plantés dans le bush car ils se seront trompés de bouquin, de genre. On n’a pas affaire ici à un polar survolté, halluciné, suicidaire mais tout simplement à un très beau roman d’apprentissage, initiatique, éminemment anglo-saxon dans sa forme et son fond, très séduisant et émouvant par la beauté de ses deux personnages paumés en plein désert.

Clete.