Traduction: Lazare Bitoun.
Si vous aimez les romans d’espionnage plein d’actions, à la James Bond, passez votre chemin, par contre, si vous appréciez les histoires d’espionnage qui prennent leur temps pour poser les personnages, qui ont une narration assez lente, une intrigue assez complexe, une ambiance paranoïaque foncez. Oui, le livre peut paraître lent mais en fait, chaque phrase, chaque action, chaque pas, chaque parole a son importance dans ce livre.
Simon et Franck sont deux frères, américains, qui ont travaillé pour l’OSS pendant la guerre et se retrouvent naturellement à la CIA en 1945. Mais Franck est un agent double. Il est recruté par les Russes et exfiltré avec sa femme. Simon devient alors persona non grata au sein de la CIA, il quitte ses fonctions et devient éditeur.
Des années plus tard, Franck veut écrire ses mémoires et les faire éditer aux Etats-Unis par son frère. Simon est donc invité par les Russes, pour travailler avec Franck sur le manuscrit. Il n’a pas revu ni eu de nouvelles de son frère depuis que ce dernier est parti à l’est. Comment cette rencontre va-t-elle se passer, que lui veut réellement Franck qui n’a pas hésité à trahir son pays et sa famille ?
Nous nous retrouvons donc transportés de l’autre côté du rideau de fer, dans un Moscou des années 60, à suivre un pur Américain venu retrouver son frère. Sa femme est malheureuse, elle boit, se sent seule. La vie d’espion qui ne peut plus être sur le terrain est ennuyeuse, ils sont constamment surveillés, ne peuvent pas rencontrer n’importe qui, faire ce qu’ils veulent. Simon découvre la nouvelle vie de son frère entouré exclusivement d’autres espions ayant également trahi leur pays. Mais il s’interroge, que fait-il réellement là, quelles sont les véritables motivations de Franck, à quoi va-t-il le mêler ? Nous sommes plongés dans une atmosphère de suspicion et de paranoïa : qui ment à qui, qui manipule qui, quel complot est fomenté par qui ? La trahison pour ces agents exfiltrés est aussi naturelle que de respirer, aucun n’est transparent, tous cachent leurs véritables motivations, leur ego prenant le pas sur leur honnêteté.
Simon, et nous par extension, sommes remplis de doutes, de tension, de suspense silencieux, qui avance lentement accentuant ainsi une ambiance lourde, pleine de faux semblants, on devient claustrophobe dans ce Moscou écrasant.
Aucune caricature simpliste dans ce livre, Joseph Kanon ne tombe pas dans la facilité, il nous offre ainsi un roman d’espionnage complexe, tortueux, essoufflant par la tension qu’il nous fait ressentir. Et il nous fait découvrir un nouvel angle de la guerre froide, le monde vu par des occidentaux qui ont cru aux promesses des Russes, à leur vision d’un monde idéal.
Un très bon moment de lecture.
Ne faites confiance à personne…
Marie-Laure.
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