Traduction:Jérôme Schmidt
On replonge volontiers dans l’univers riche et prenant de la série culte The Wire (Sur Ecoute) pour suivre, en particulier, le parcours de Melvin Williams « Little Melvin ».
« Baltimore, 1985. La ville, déjà ravagée par la misère sociale et la corruption politique, est devenue la plaque tournante du commerce de l’ héroïne de la côte Est américaine. Dans les rues de Baltimore Ouest, un nom est sur toutes les lèvres : Melvin Williams, dit « Little Melvin ». son ombre dégingandée plane sur toute la ville, tandis que policiers et juges tentent à tout prix de coincer celui qui est soupçonné d’être le parrain de la ville et le plus gros importateur de poudre blanche de l’époque. Un jeune journalistique du Baltimore Sun, David Simon, passera plus de trois ans à interviewer Little Melvin, depuis sa cellule de prison ou après sa sortie. »
L’auteur, né en 1960, est un écrivain, journaliste et scénariste américain de séries télévisées. Il est le créateur de la série HBO The Wire, sur laquelle il est crédité en tant que producteur exécutif et scénariste principal pour les cinq saisons. En 2010, il a entamé une nouvelle série, Treme, et a signé en 2015 une fiction politique, Show me a hero.
Speedball, Brown sugar, Sister morphine, horse, Black Tar, nourrir le singe, chasser le dragon, autant de termes, d’expressions, du monde interlope et dispendieux que génère le trafic de la poudre blanche dans la périphérie de New York. Ce commerce génère alors son flot d’accointances policières, politiques, judiciaires au vu de la manne financière créée.
L’épicentre du court récit nous révèle un personnage au sang froid, doté d’une intelligence remarquable capable de la mise en place d’un système rôdé, partitionné, pyramidal, qui lui permettra de le diriger d’une main de maître malgré quelques « déboires » judiciaires édulcorés face aux actes implicites et imputables de son « commerce ».
On y retrouve, avec une délectation non feinte, des personnages de cette série refusant le dualisme, nomiste, dépeignant ce Baltimore symptomatique des politiques concourants à la déliquescence des quartiers, des laisser pour compte. Dans ce documentaire réaliste quasi littéraire, s’entrecroisent les acteurs de l’exploration de la vie urbaine sous un prisme quasi-littéraire.
Par ce document précieux et dense, Simon réussit à capter, à interpeller, appelle au questionnement sociétal et nous assène de nouveau une série de coup au corps ponctuée de jams, de crochets et d’uppercuts nous laissant pantois. Le noble art n’en est plus un quand il est pratiqué par des disciples sans foi ni loi.
Éclairant, violent sur plusieurs dimensions, essentiel dans son envergure d’investigation !
Chouchou.
N.B. : vous pourrez donc y retrouver pour les inconditionnels de la série les Barksdales, « proposition Joe », en filigrane « Bunk » Moreland (Wendell Price), les « D », « Stringer » Bell (Idriss Elba), « Prez » Pryzbylewski, et, pour la petite histoire, le personnage central de ce récit jouait le rôle du diacre dans l’adaptation télévisuelle.
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