HIGHWAY TO NIÈVRE!
Une Série Noire dans le Morvan au son du rock, des décharges de fusil de chasse et des histoires de mômes qui ne rigolent pas.
Deux potes, un frangin, une fille, une même famille ; le clan de Tamnay en Bezois. C’est l’été, on traine, on zone au bord de la rivière, première cigarette, premier flirt amoureux, premières bières, et première déchirure entre deux amis pour la vie, mais pas à cause d’une poule, non, plutôt d’un troisième larron, une ombre, un méchant petit gars « avec une tête à caler une moissonneuse batteuse. », qui va mettre le rififi entre les deux potes. Le côté obscur d’une famille trouble qui vient d’arriver dans le coin. Déjà, le minot traine un pecolt, (un flingue à plombs) dans les poches de sa salopette. Plus tard, le flingue restera, mais les balles remplaceront les plombs.
Du coup on se guette, on se surveille, on se regarde de biais (normal), ça tire sur les vaches, ça se castagne, mais le vieux simplet du village rode, je confirme, chaque village a son simplet, d’habitude le gars pépère, pour le coup, c’est le pervers, pépère ! Les filles sont rares, les petites, plus accessibles, et ça va mal tourner. Le clan a morflé, les deux potes vont avoir besoin de leur ombre pour régler ça. Coups de couteau, de chaînes de vélo en travers de la tronche, et déchaînements de violence, les gamins des campagnes n’ont rien à envier à ceux des cités.
Quinze ans plus tard, le gars n’est pas mort, par contre, un des potes n’en est pas loin, c’est devenu, avec l’ombre, un des plus gros dealers du coin. Il va y avoir des comptes à régler, pour de bon, cette fois, les racailles de la ville vont descendre, les kalachnikovs remplacent les lance-pierres, les courses dans la forêt, la nuit dans un hiver noir comme la mort, ne sont plus pour jouer, mais pour échapper au double canon du fusil de chasse d’un taré du coin. Ça ne rigole pas chez nous, enfin, je veux dire, chez eux !
Il ne manque plus que les alambics, mais les pick-up et le Marshall, pardon le gendarme, sont bien là, même les Porches Cayenne ont les phares jaunes. 😉
C’est chaud, c’est saignant, ça gueule et ça s’envoie des répliques sans retour, mais il y a une pelletée, une brouettée, un vrai fourrage de profondeur là-dedans, de l’amitié entre potes malmenés, de la vraie, qui m’a ramenée aux bouquins de Le breton, comme les Hauts Murs, et ces histoires de gosses devenus adultes, et inversement, redevenus gosses devant l’avenir glauque et le besoin de rêver, encore, un peu, comme dans la Trilogie Noire de Léo Mallet, et quand aux odeurs de purin, au petit bar au papier peint jaunâtre qui sent la vinasse, et aux dialogues au couteau et au « chasse » à canon long, des gars qui parlent peu, mais… qui parlent peu. C’est du ADG tout craché, on y est, pas de doute, dans la Loire, pardon, la Noire, dans la Série.
Cette adolescence maudite, ici entourée de brume, d’herbe boueuse et de granges aux toits délabrées.
Mais attendez vous à une truc totalement nouveau, du jamais lu, en somme, quelques chose de frais, de vivifiant, comme un morceau de Métal ( la musique, hein, l’un des personnages parle d’appeler son futur neveu ; Lemmy), l’auteur vient de la littérature jeunesse, cela se voit, j’ai retrouvé mes années Signes de piste et Six compagnons, L’Ile au Trésor, ces lectures qui me chauffaient le cœur, mais aussi, plus tard, une course folle dans la garrigue, en serrant la main d’un frère de la campagne, le petit Marcel et le petit Lili, dans La gloire de mon père.
Du Pagnol Noir, et Rock’n roll !
Va-ton croire qu’il n’y a que des histoires de viol, de bagarre de gosses aux genoux usés et de parents alcoolique dans la cambrousse profonde de notre belle France ? Non, il y a aussi des hommes qui se battent, qui fondent des familles, malgré le chômage, le désespoir et la solitude, malgré la misère, existentielle et sexuelle, et comme partout, cette violence liée à l’argent, à l’envie de s’en sortir, et de faire s’en sortir les siens ; chez nous !
Un premier polar, et il y un truc là aussi, l’auteur en a sous le pied, on le sent, il n’a pas tout dit, loin de là. C’est peut-être pour ça qu’il commence, et en finit, avec cette histoire de gosses et d’adolescents, pour nous préparer, à quoi ? À la suite, l’âge adulte sans réminiscences, mais toujours, sombre dans le cœur, et à voir son style, Rock’n roll et sauvage, on s’attend au pire. Ce qui veut dire, dans le Noir ; au meilleur !
Une phrase de lui, je crois ; un auteur à suivre.
Merci Minville.
JOB.
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