
Né à Amsterdam en 1966, Erik Kriek est un dessinateur, illustrateur et auteur de bande dessinée néerlandais. Son style mêle histoires fantastiques, horreur, musique et culture populaire. Il s’est fait remarqué en France par deux albums, L’exilé, et son histoire de vengeance sur fond de culture viking et La mare, et son histoire de deuil et de folie dans une atmosphère fantastique et inquiétante. Notez que Dans les pins avait été précédemment publié dans un format à 5 ballades meurtrières.

« In the pines, in the pines, Where the sun never shines, And we shiver When the cold wind blows » (chanson populaire américaine, vers 1870). Dans les pins est un recueil de six nouvelles graphiques inspirées par des murder ballads, ces chansons folkloriques qui racontent des événements tragiques, qu’ils soient réels ou imaginaires. Ces récits sombres abordent des thèmes tels que les amours impossibles, le crime passionnel, la jalousie et la cupidité. Ce genre musical est profondément enraciné dans la tradition américaine. Des artistes, tels que Dolly Parton, Johnny Cash, Bob Dylan ou encore Nick Cave, se sont essayés à ce folk sanglant, à cette country & western de cauchemar. (…) Dans les immenses forêts de pins des Appalaches, il se passe des choses qui ne doivent pas voir la lumière du jour…

Si les murder ballads font partie intégrante du patrimoine americana, les textes sélectionnés par Erik Kriek s’égrènent entre le XVIIIe siècle et la première ou la deuxième moitié du XXe, jusqu’à il y a peu. En effet, Where the wild roses grow, la chanson écrite et interprétée par Nick Cave trouve ici une adaptation. Réunies par le genre, les histoires abordent également des thèmes communs : la mort tragique, les amours tourmentées, la violence et la cruauté, les fantômes du passé. Erik Kriek sublime la contrainte de scénarios de facture classique par sa narration et son découpage. Difficile d’échapper alors aux ambiances poisseuses, aux séquences angoissantes.

Passé la très belle couverture en trompe-l’œil sinistre et l’impression de gravure vintage des pages intérieures, le travail visuel s’impose fortement : des cases sans bordures, au contenu très dense, des clairs-obscurs omniprésents. Pour différencier les histoires, Erik Kriek a fait le choix d’une trichromie renouvelée : noir + blanc + un autre pinceau (bleu, mauve, jaune…etc). Cette parure n’en fait ainsi que mieux ressortir la noirceur terrible de ces ballades et de leurs personnages, souvent de vraies gueules, expressives.

En bonus appréciable, en fin d’album, quelques éléments de contexte et un lien vers des titres du groupe Blue Grass Boogiemen, auquel Erik Kriek participe.
Pour les amateurs de folklore musical, de noirceur épaisse et de dessin typé.
Little Bic Man
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