The Bespoke Hitman

Traduction: Patrick Raynal

La vie de Sam Millar est un véritable roman noir. Le natif de Belfast a passé de nombreuses années dans les geôles britanniques pour ses activités au sein de l’IRA. Il a connu aussi les cellules américaines suite à sa participation au braquage de la Brink’s à Rochester dans l’état de New-York, un hold-up spectaculaire qu’il raconte dans “On the Brinks”. 

Forcément, ses expériences douloureuses donnent du crédit à ses écrits postérieurs. Il a bien connu la pègre, il connaît bien les acteurs des guerres irlandaises, les deux se confondant parfois… les romans de Sam Millar déménagent… tout comme lui d’ailleurs qu’on voit débarquer chez Métailié après de nombreuses années au Seuil. 

“Braquer une banque à Belfast le jour d’Halloween déguisés en loups semblait être une bonne idée. Se rendre compte que le coffre avait été vidé avant leur arrivée, un peu moins. Mais voler une mallette à un client de la banque qui leur avait gentiment suggéré d’aller se faire voir, c’était signer leur arrêt de mort.” 

Quand on lit un roman espagnol, c’est souvent la guerre civile qui remonte, avec les Argentins c’est la dictature deux fois sur trois et avec l’Irlande, très souvent leurs guerres qui semblent parfois moyenâgeuses vues de l’extérieur. Et forcément, on n’y coupe pas avec un auteur originaire de Belfast écrivant dans son théâtre natal. Les “Three Stooges”, comme les affuble Millar, n’auraient pas dû et ne l’auraient pas fait s’ils avaient su. Mais, c’est trop tard, et en plus de la police, ils ont au cul une fraternité très susceptible et voulant conserver des statuts qu’elle considère quasiment de droit divin.  

On se serait très bien contenté d’une simple histoire criminelle agrémentée de l’humour noir de Sam Millar mais on a finalement droit à un jeu de massacre parfois très dur comme le premier chapitre particulièrement crispant le laisse présager. Millar ne crée pas particulièrement d’empathie pour les trois abrutis malchanceux mais laisse la porte entr’ouverte à un certain goût pour le sadisme tant certains méchants sont des artistes du supplice, voire des esthètes passant malgré eux de la torture mentale à une pratique beaucoup plus physique.  

Le roman est très addictif, dérangeant parfois, un vrai bouquin noir animé par un fighting spirit irlandais particulièrement réjouissant.  

Clete.