Le récit se situe en Suède dans le présent et l’hexagone pour le passé du personnage, Alexandre, enfant qui, initialement, présentait des difficultés de sociabilité sous le joug tyrannique de sa mère. Ses évocations, comme un fil rouge, de son père sont teintées de nuances multiples. Tantôt il représente un totem, un phare, une source d’affection, tantôt les teintes se grisonnent, voire s’opacifient. Il nous évoque son parcours de vie en tentant de démêler l’écheveau d’une existence pour la moins singulière.

Pas la peine de chialotter, je ne t’ai pas fait mal, m’assure ma mère chaque fois qu’elle me gifle.

Sud de la France, années 90. Alexandre grandit auprès d’une mère autoritaire et irascible. Elle veut à tout prix qu’il oublie l’image de son père disparu prématurément. Bon garçon, il s’exécute. Devenu photographe, Alexandre se révèle un adulte maladroit, séducteur malgré lui, secoué par des crises de migraine et la révolution numérique. À quarante ans, il échoue dans un petit village de Suède pour y classer des images d’archives. Il lui faudra un séjour en chambre noire et une voix bienveillante pour se révéler à lui-même et commencer enfin à vivre. »

L’auteur né dans la région parisienne a vécu sa jeunesse dans l’Aveyron. Vivant actuellement à Toulouse avec sa compagne, romancière elle-aussi, et leurs enfants ayant été tour à tour animateur culturel, enseignant pour quitter afin de se consacrer au travail d’écriture et de traduction.

En entrant dans le roman, et dans sa première moitié, on y ressent une innocence, une naïveté pas étrangères aux tableaux filmés de Doillon. Cette phase associée à l’enfance et l’adolescence, nous montre aussi les racines de troubles comportementaux sans pour autant être critique sur leurs répercussions. Puis la seconde partie se couvre d’un halo plus sombre et beaucoup moins crédule. C’est le temps de chercher des vérités, le temps d’accepter des évidences. Il en va de sa survie, de sa capacité à avancer en digérant son passé.

Ce n’est pas un roman noir, c’est loin d’être un roman à l’eau de rose et l’écrit a cette capacité à nous questionner sur le couple, sur l’affirmation en tant qu’adulte sans nous enjoindre le moindre pathos.

La lucidité est un atout dans ce parcours balisé de virages parfois brutaux, radicaux et surprenants. Je n’ai pas été insensible à ce discours qui aborde, autant par la simplicité que l’absence de concessions, un sujet central souvent synonyme de traumatisme inaltérable.

Poignant!

Chouchou