To Name Those Lost
Traduction: Etienne Gomez
Été 1874 à Launceston, en Tasmanie. La ville, en proie aux émeutes, menace de sombrer dans l’anarchie. De retour de la Guerre noire, qui a opposé les colons britanniques aux aborigènes du pays, le vétéran Thomas Toosey n’a qu’une idée en tête : retrouver son fils. Mais comment y parvenir dans un tel chaos ? D’autant qu’il est pourchassé par deux vagabonds, « l’ Irlandais » et son acolyte cagoulé.
Toosey a une dette à rembourser, et son fils est le seul à pouvoir lui permettre de racheter les erreurs du passé.”
Il est des romans, et vous le savez bien, qu’on oublie très vite et d’autres qui vous marquent durablement, peut-être pas pour la vie mais suffisamment pour vous évoquer de doux souvenirs de lecteur à chaque fois qu’ils sont évoqués. ”La battue”, roman de 2011, sorti dans une quasi indifférence en France en 2015 dans la superbement lettrée collection “Les grandes traductions” chez Albin Michel en fait assurément partie. Quand est réapparu au catalogue de l’éditeur le nom de Rohan Wilson, auteur australien, le déclic s’est fait instantanément et j’ai revu la Tasmanie au XIXème siècle dans un très sale moment de son histoire, pendant le massacre des aborigènes par les colons britanniques. “La traque”, en plus d’offrir un magistral western des antipodes était servi par une écriture brillante.
“Murmurer le nom des disparus” est chronologiquement une suite de “La traque”, où après avoir découvert le visage dégueulasse de ces colons miséreux et misérables contre les indigènes, on découvre l’horreur de leur vie entre eux dans le cadre de la ville de Launcerson en pleine émeute contre un impôt.
Alors, c’est sale, barbare, à la mesure, au diapason de la sauvagerie de cette Cour des Miracles où chacun tente de s’en sortir. Une fois de plus, c’est du très bon western. Il est assez dur de s’attacher aux hommes tant le peu d’humanité qu’ils offrent peine souvent à masquer la bestialité de leurs comportements. Par contre, même s’ils ne sont souvent qu’au second plan, l’objet de la pénitence ou de la rédemption de leur père, l’horreur de la vie des enfants stupéfie.
La plume est magnifique, a mûri, s’est affinée pour offrir une narration beaucoup plus vivante et des passages très cinématographiques rendant tangibles, visibles le chaos et le désolation et s’est débarrassé de certaines dorures stylistiques. On peut décemment évoquer Cormac Mc Carthy par la puissance de la plume et la description de l’inhumanité. Pendant ma lecture aussi, alors que le propos est très différent, j’ai pensé plusieurs fois à l’excellent” La culasse de l’enfer” de Tom Franklin.
De la très belle ouvrage.
Clete.
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