Traduction: Christophe Cuq.
Neuvième roman de la collection neo noir des éditions Gallmeister mais surtout le premier écrit par une femme est l’œuvre de Christa Faust et se passe dans les milieux du porno où elle a elle-même travaillé pendant une dizaine d’années.
« Je m’appelle Gina Moretti, mais vous me connaissez probablement mieux sous le nom d’Angel Dare. Vous en faites pas, je n’en parlerai à personne. J’ai tourné mon premier film X à l’âge de vingt ans, même si à l’époque, j’avais menti devant la caméra et prétendu en avoir dix-huit. Mais contrairement à bon nombre de filles avec lesquelles j’ai bossé, j’ai été assez maligne pour raccrocher. Le problème, c’est qu’à l’instar d’un catcheur ou d’un voleur de bijoux, je me suis laissé tenter par un retour. Je n’avais aucune idée que j’allais finir coincée dans un coffre de bagnole. »
D’entrée une leçon à retenir: après avoir tabassé, violé et tiré sur Angel Dare et l’avoir laissée pour morte dans le coffre d’une voiture dans un coin pourri, prenez le soin avant de l’abandonner de vérifier qu’elle est effectivement morte parce que dans le cas contraire vous pouvez être sûr qu’elle sera capable de vous pourchasser jusqu’en enfer.
En quelques heures, Angel va subir de nombreux outrages, échapper à la mort, ruiner sa réputation, voir ses amis se faire descendre, perdre son entreprise et se faire accuser de meurtre dans une affaire qui la dépasse complètement et dont elle ne comprend rien au départ. Aidée par Malloy, gentil gros nounours protecteur et garde du corps redoutable, elle va mener une enquête violente dans les milieux du porno qu’elle connait parfaitement pour dénouer les fils du mystère et surtout pour se venger.
Vous l’aurez compris, on est ici dans le pur hard-boiled, les prouesses et les épisodes violents se succédant à un rythme effréné d’au moins un par chapitre. On est très loin de l’émotion de Whitmer, de l’humour destroy de McBride ou des mondes hallucinés de Bassoff, prédécesseurs de Faust dans la collection. Ici, on cogne, on tue à tout va avec quelques timides pointes d’humour, très peu ou alors je ne les ai pas toutes comprises. Mais l’effet recherché de rythme est bien présent, la rage bien palpable. Manquent néanmoins la réflexion, l’humanité inattendue dans un univers glauque, la fleur dans le caniveau… mais que fout Benjamin Whitmer?
Néanmoins, ceux qui seront ravis par « Money shot » se réjouiront d’apprendre que Christa Faust a écrit en 2011 une suite à ce roman daté de 2008.
Burné!
Wollanup.
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