The Sarah Book

Traduction: Théophile Sersiron.

Après avoir été publié par les éditions Cambourakis pour ses recueils de nouvelles, Scott McClanahan arrive à l’Olivier pour son roman “Le livre de Sarah”. En aparté, certains choix éditoriaux me surprendront toujours puisque “Le livre de Sarah” est la suite de “Hill William” où le “héros” rencontre cette fameuse Sarah et cette première histoire est toujours inédite en France…

Au fin fond des Appalaches, Scott, dans la jeune vingtaine, rencontre Sarah légèrement plus âgée que lui. Un couple se forme, grandit, décline et puis meurt au bout d’une dizaine d’années. Scott, c’est tout simplement l’auteur, Scott McClanahan qui raconte son histoire avec Sarah, jeune infirmière qui va devenir son épouse et qui lui donnera deux enfants. Dix ans de vie commune dans un coin paumé pour le prof et la soignante, avec quelques hauts et beaucoup de bas.

Les avis seront très certainement très partagés: certains y verront beaucoup de tristesse, de mélancolie et c’est vrai qu’elles parcourent les pages, les hantent parfois mais pas très longtemps non plus, masquées par les bouffonneries puis les remords de ce grand gosse alcoolo qu’est Scott. Quand la plume s’attarde sur Sarah, bien sûr, ses souffrances sont visibles, certains s’y retrouveront sûrement, hélas. Mais le ton est tout autre, penché vers un humour très présent et parfois bien en dessous de la ceinture. On peut être surpris par nombre de critiques ricaines parlant d’immense émotion… Mouais, “Le livre de Sarah” débute néanmoins par “ J’étais le meilleur conducteur bourré du monde” et cela n’évoque pas d’emblée les violons qui chialent.

Quels que soient les sentiments engendrés, “Le livre de Sarah” est avant tout un roman de vie plaisant, écrit dans un style qui ne provoquera pas d’émerveillement certes mais qui engendre un certain attachement pour ce couple. La prose très honnête, franche de l’auteur alterne chapitres au moment du divorce et retours sur l’histoire en amont et aussi pitoyable que soit un type qui picole quand il est en phase d’auto-apitoiement, l’histoire demeure intéressante et cela même si l’issue, très prévisible, est connue. 

On peut très bien rapprocher “Le livre de Sarah” de “Putain d’Olivia” de Mark SaFranko et par extension à l’univers de John Fante à qui il semble rendre manifestement hommage dans un chapitre rappelant irrésistiblement “Mon chien stupide”. C’est plein de verve avec des digressions à jeun ou alcoolisées sur la guerre, la vieillesse, la mort, la guerre. On passe un bon moment certes, de là à crier au génie, non.

Wollanup.