21 Mai 1981, François Mitterrand remonte la rue Soufflot dans une foule dense et s’en extrait pour pénétrer dans la crypte du Panthéon pour y fleurir les tombes de Jaurès, Victor Schoelcher et celle de Jean Mouiin. C’est le jour de l’investiture, du sacre laïc du chef de la gauche, qu’a lieu le premier crime dans la cité phocéenne. Jeune étudiant, Luc Rio, va voir son existence basculer.

« Mai 81. La France se passionne pour les prochaines présidentielles. Louka, jeune étudiant marseillais, cherche plutôt une idée pour gagner un peu de fric. Une mère aux abonnés absents, un père abattu lors d’un braquage, Louka a un passé chargé, trimbalé entre foyers et familles d’accueil. Pour l’instant, il va à la Fac, vit de petits boulots et de combines en tout genre. Mais Louka est intelligent, il fonctionne à l’instinct, maîtrise déjà les codes des voyous et ceux qui permettent de mener les hommes. Et c’est en lisant un article du Canard sur Papon que l’idée va jaillir… Sans aucun état d’âme, il met alors en place une redoutable machine à cash… Mais le chemin qui mène à l’enfer n’est-il pavé que de bonnes intentions ? »

Initialement mué par une inextinguible avidité le jeune Luc, alias Louka, va être entraîné dans des événements qui feront date dans son existence. C’est le printemps, on est donc en 81, et il porte son passé en bandoulière mais pas comme un lest invalidant. En faisant preuve d’une « malice » futée pour se créer un pécule que son niveau social ne lui autorise pas, de fil en aiguille Louka devra évoluer, trouver des alternatives à ses impasses. Ses décisions, pas toujours à propos, sa maturité qui pointe le bout de son nez provoque la chance, provoque des affres périlleuses.

Germe dans son esprit une échappatoire, une solution à sa philosophie de vie. C’est alors qu’entre en scène le maître chanteur des corbeaux ! Il côtoie alors ronds de cuir, politiques, familles bourgeoises, petites pègres et nage dans le marigot avec une déconcertante aisance. Ses objectifs tendent à être atteints mais c’est alors que surgit l’Histoire et ses nuances en vert de gris, en noir, en gris,…

Son examen de conscience en croisement avec son histoire le contraindra à emprunter une route, une voie inattendue. Louka se révèle d’une implacable lucidité et d’un regard avisé sur la société. Le printemps les bourgeons surgissent, les destinés se concrétisent et le présent est rattrapé par le passé immuable.

Maurice Gouiran dans son attachement à sa cité des Bouches du Rhône nous délivre, de nouveau, un écrit fort paré d’un emballage engageant, attractif. En mettant en place des personnages à la croisée de leurs existences, il structure un récit tout à la fois frais, sombre en lien avec les agissements de chacun au décours du conflit de la seconde guerre mondiale, et nous replonge dans cette année 81, son printemps, où espoir symbolisait le maître mot d’une génération.

Noir est le Corbac, coloré est le printemps !

Chouchou.