Traduction: Jean-Paul Gratias.
Ceux qui attendent fébrilement la suite de “Perfidia”, patienteront encore mais certainement mieux avec ce petit opus portant bien la griffe, le ton du grand maître ricain.
Reporter criminel est un petit volume formé de deux nouvelles qui étaient des commandes du magazine Vanity Fair USA. Elles reprennent deux affaires qui ont eu un certain retentissement à leur époque. Elles sont réécrites par Ellroy qui prend la voix de la police, des flics qui ont mené les enquêtes, leurs procédures, toutes les péripéties. La commande d’un magazine de détente du WE oblige à un format court imposé et devant sans cesse captiver un lectorat en quête de lecture facile en se concentrant sur un écrit nerveux aux chapitres courts et ça , James Ellroy le fait très bien, nous mettant au milieu de ces flics à moitié cowboys et à moitié voyous, très machos, parfaits reflets d’une Amérique blanche dominatrice.
“Le 28 août 1963, le jour où Martin Luther King prononce son célèbre discours « I have a dream », deux jeunes filles sont sauvagement poignardées dans leur appartement de Manhattan. À l’issue d’une enquête bâclée et orientée, George Whitmore, un jeune Noir, est accusé du crime.”
“Le 12 février 1976, l’acteur Sal Mineo est assassiné devant chez lui à Los Angeles. Le LAPD mène l’enquête. Toutes les théories sont avancées autour de ce meurtre, mais la vérité est ailleurs.”
Les années 60 et les années 70, deux affaires ayant toutes les deux des relations directes ou indirectes avec le sexe permettant à Ellroy de montrer l’univers très phallocratique de la police de l’époque, l’enquête ne semblant s’intéresser qu’à une des deux victimes bien plus belle que l’autre. L’ affaire Wylie -Hoffert avec un ton assez moqueur, railleur, de gros con aussi parfois, met en évidence les inévitables suspects, les a priori raciaux et sociaux, le harcèlement en interrogatoire, le fonctionnement de flics qui veulent un coupable, à tout prix, avant qu’un avocat entre dans la partie dans l’affaire Wylie -Hoffert et afin de satisfaire dans les plus brefs délais médias, hiérarchie et politiques.
Sur un ton un peu plus retenu, dans « Clash by night », Ellroy réécrit L.A. des années 70, l’univers de Sal Mineo petit voleur rital du Bronx devenu acteur, partenaire à 16 ans de James Dean et Natalie Wood dans “la fureur de vivre” et qui finit poignardé dans la rue, sans mobile apparent.Pour quoi, pour qui ? Beaucoup de tâtonnements de la police mais une rythme de récit très soutenu, direct, allant au cœur de l’histoire tout en parsemant l’enquête des doutes, des interrogations de flics sous pression comme toujours quand la victime est blanche et de plus connue, suffisamment au point que John Lennon (sic), à l’époque, avait promis une récompense pour retrouver le coupable.
« A L.A., février est le meilleur mois. L’air est limpide. La pluie dilue les couleurs criardes que vous n’avez pas envie de voir. »
Ellroy rules!
Wollanup.
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