Traduction:Mireille Vignol
A l’origine, « A toute berzingue » était le scénario d’une série de quatre tvfilms que Kenneth Cook avait écrits et qui n’ont pas trouvé d’acquéreur. L’auteur, au début des années 80, l’avait ensuite remanié pour en faire un roman qu’il a ensuite remisé dans un tiroir, occupé qu’il était avec ses recueils de nouvelles animalières hilarantes « la vengeance du wombat » et « le koala tueur » où les bestioles les plus paisibles d’Australie créent beaucoup de tourments à des héros citadins peu au fait de la manière d’apprivoiser la faune de l’outback.
Le manuscrit a ainsi dormi trente-quatre ans avant d’être exhumé par la fille de Cook et il sort maintenant en Australie bien sûr et en France aussi grâce au travail des éditions Autrement qui ont déjà édité 10 œuvres de cet auteur culte dans son pays. Ce court roman bénéficie par ailleurs d’une présentation de qualité par un Douglas Kennedy dont le premier roman « cul de sac » mettait en scène un touriste américain qui, traversant l’Australie en voiture, se retrouvait marié contre son gré et prisonnier d’une communauté de cinglés vivant dans un coin pourri et ignoré de tous nommé Wollanup.
Que ce soit dans ses nouvelles ou dans ses romans qui prennent souvent pour cadre le bush voire l’outback, Cook laisse toujours une grande place à la psychologie de ses héros, très souvent des citadins à l’épreuve de la vie dans ces coins reculés et désertiques du centre du continent. Dans « A toute berzingue », peu de temps est laissé à la réflexion comme le suggère si bien un titre qui sonne un peu vieillot mais qui convient bien finalement à une histoire située au début des années 80.
« Piste d’Obiri. Danger d’ici à Obiri. La chaleur, les sables mouvants et autres dangers rendent la traversée extrêmement périlleuse. En cas de panne, n’abandonnez jamais votre voiture ». Katie et Shaw se connaissent depuis vingt-quatre heures à peine. Pourtant, entre eux, c’est déjà « à la vie, à la mort », au sens propre du terme. Coincés dans une petite Honda lancée à toute berzingue sur la piste d’Obiri – six cents kilomètres de fournaise et de poussière au coeur de l’outback australien –, ils sont poursuivis par une monstrueuse créature prête à tout pour les éliminer. Doivent-ils rebrousser chemin et affronter leur assaillant ?
Le titre est très évocateur et le texte, dès le début, vous met en selle ou plutôt au volant d’une misérable Honda Civic qui tente d’échapper à un énorme 4×4 conduit par un gros malade dont on ne sait rien du tout sauf qu’il veut à tout prix, tuer les deux jeunes qui se sont aventurés dans le désert. Attention rien à voir avec les films où des ados sont décimés lors de vacances exotiques ou au milieu des bois.
Alors, si ce n’est pas le plus remarquable des romans de Cook( lisez « cinq matins de trop »), il est néanmoins surprenant car il montre bien la maîtrise du suspens d’un auteur qui ne nous a jamais habitués à cela auparavant. En moins de deux cents pages, vous aurez compris les dangers de l’outback de jour puis de nuit et vous risquez d’être très réceptifs car l’auteur ne va pas vous laisser souffler. Pour résumer et parce qu’il n’est pas du tout représentatif de l’œuvre de Cook, on pourrait comparer ce roman au « Duel » de Spielberg, qui était aussi un tvfilm. Et petit plus ici, comme d’habitude, la grande star du roman, c’est l’Australie et l’outback.
Wollanup.
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