Le trait, c’est le symbole de la trajectoire d’une Chevrolet sur une route rapide. Le trait, c’est aussi le symbole de la trajectoire d’une vie moins linéaire que la parabole motorisée…
“Ça ressemble à l’Amérique, là où les vivants barbotent dans les grands lacs et les morts dans des baignoires remplies d’acide… »« Tout a commencé quand on a retrouvé le corps de Julian McBridge au fond de l’étang que les Jones avaient fait assécher pour compter les carpes. Ils auraient plutôt eu l’idée de repeindre leur porte de grange ou de s’enfiler en buvant des Budweiser et c’était bon pour moi. McBridge n’était pas venu ici faire trempette, ça faisait deux ans que je l’avais balancé là par une nuit sans lune avec un couteau de chasse planté dans le bide. 835 carpes et 1 restant de McBridge. Les Jones avaient un cadavre sur les bras, ils ont commencé à se poser les questions qui vont avec… »
D’ une écriture racée, directe et viscérale, Jacques Bablon nous emporte dans ce road trip sans but évident. Au fil de l’écrit les portes s’ouvrent, la trame prend sens .
Sur un point de départ “banal” d’une incarcération pour crime, le protagoniste central entrevoit une lumière. Sa souffrance, son nœud gordien ajusté à son enfance , sa filiation génère une boule enchevêtrée de haine, de rancœur, de froideur. Progressivement celui-ci se meut en une chrysalide douée de sentiments, de contradictions qui sauront le mener à la félicité.
L’utilisation de la narration à la première personne recentre la trame sur l’épicentre d’une histoire de vie d’un personnage qui se pose des questions, cherchant des réponses à des zones d’ombre.
Le mystère de la filiation, les risques de l’impulsivité sont traqués, déjoués, et joueront paradoxalement un rôle rédempteur. La lecture de Bablon est un combat sur un ring sans cordes ni arbitre , notre ressenti est un assentiment sincère à ses estafilades prosaïques. On en ressort ragaillardi d’une alacrité romanesque directe et emplie de références américaines et françaises évidentes.
La chance est une déesse qui se lasse d’habiter constamment auprès des mêmes….
Chouchou.
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