Traduction: Simon Baril.
« Tout est brisé « est le second roman de l’auteur américain William Boyle. Merci de ne pas le confondre avec William Boyd « Un Anglais sous les tropiques » ni avec T.C. Boyle « Water music ». Après « Gravesend », chronique d’un quartier de Brooklyn paru l’an dernier chez Rivages, revoici Boyle chez Gallmeister où il a suivi François Guerif qui nous l’avait fait découvrir.
« Tout semble brisé dans la vie d’Erica. Seule avec son vieux père tyrannique tout juste sorti de l’hôpital, elle n’a plus de nouvelles de son fils Jimmy, un jeune homme fragile parti errer à travers le pays sans avoir terminé ses études. Mais voilà qu’après un long silence, Jimmy revient à l’improviste, en piteux état. Erica fera tout pour l’aider, décidée à mieux le comprendre et à rattraper le temps perdu. Mais Jimmy se sent trop mal à l’aise face à sa mère, dans ce quartier de Brooklyn hanté par ses souvenirs ; un profond mal de vivre que ni l’alcool ni les rencontres nocturnes ne parviennent à soulager. Erica, elle, ne veut pas baisser les bras… »
Erica, quinqua est épuisée par la vie et les infortunes successives qu’elle a connues. Après avoir perdu sa mère et son mari récemment, elle se retrouve seule à s’occuper de son vieux père au bout du rouleau. Il lui reste une sœur occupée à autre chose et son fils Jimmy parti au Texas avec des amis et qui va revenir, ayant épuisé tous les canapés qui pouvaient l’accueillir dans le Sud. C’est un retour forcé, non prévu, non désiré…le roman va raconter ce retour à New York et cette confrontation entre la mère et son fils, entre deux générations épuisées par les mauvais coups de la vie, entre deux modes de pensée différents, entre deux mondes séparés par un océan d’incompréhension et surtout de maladresses.
Alors, ce n’est pas un polar, pas un roman noir même si le ton et l’ambiance sont sombres,très moroses. Il ne plaira pas à ceux qui recherchent un polar mais séduira tous ceux qui seront dans la bonne ambiance pour apprécier cette histoire bien malheureuse de gens bien ordinaires. Selon son âge, son histoire, le lecteur pourra très bien s’identifier à Jimmy ou à Erica tant le propos sonne juste, tant la prose de William Boyle bien posée, sans artifices, respire l’authenticité, l’humanité et l’affection de l’auteur pour ses personnages qui vous entraînent aisément dans une lecture « one shot ». Et puis il y a Frank…
Animé par une bande son futée qui accompagne impeccablement l’histoire, Sonic Youth pour l’asphalte newyorkais, Jeff Buckey et Eliott Smith, pour évoquer les destins brisés d’hommes jeunes tourmentés, « Tout est brisé », qui fait évidemment immédiatement penser au « Everything is broken » de Dylan, n’est pas un bon mais un très beau roman qui honore vraiment son auteur.
Touchant et touché.
Wollanup.
PS: le morceau de David Bazan colle parfaitement à l’ambiance du bouquin.
Je ne doute pas d’être touchée! J’ai adoré « Gravesend » et j’attends celui-ci avec grande impatience. Ce sera un incontournable de ma rentrée.
C’est un beau roman!
Ce n est pas bob Dylan mais Jason molina chanteur américain folk/pop mort à 38 ans d alcoolisme.
C’est important de signaler la passion de Boyle pour Jason Molina, il a d’ailleurs écrit sur l’album Songs:Ohia’s Magnolia Electric CO mais il n’empêche que le titre du roman évoque aussi la chanson de Dylan.Il a bon goût Boyle.
William Boyle ne fait pas référence a bob Dylan mais à jason molina chanteur maudit.