Traduction: Laurence Romance

“Londres, 1968. Toute la ville en parle : les Unstable Boys sont destinés à jouer dans la cour des grands. C’est imminent, ils vont cartonner à l’égal des Beatles et des Rolling Stones. Comment pourraient-ils deviner qu’une série de tragédies va bientôt mettre un terme à leurs rêves de succès planétaire ?

Londres, 2016. L’auteur de romans policiers à succès Michael Martindale est à bout. Sa femme l’a quitté en embarquant les enfants après une incartade très médiatisée. Il passe ses nuits à s’apitoyer sur son sort, seul comme un chien. C’est alors qu’il a la mauvaise idée de clamer en public son amour fervent pour les Unstable Boys. Résultat, « The Boy », le leader farouchement dépravé du groupe, vient sonner à sa porte. Et Martindale va rapidement comprendre que certains souhaits feraient mieux de ne pas être exaucés.”

Nick Kent est une légende vivante de la critique et du rock tout simplement. Ayant vécu le grand cirque du rock’n’roll pendant des décennies à la manière du journalisme gonzo lancé par Hunter S. Thompson (d’ailleurs cité dans le roman), il semble logique que son premier roman soit en orbite autour de la planète rock. Par contre, on pouvait s’interroger sur le style de l’Anglais domicilié en France depuis très longtemps. Et là, surprise, par moments, surtout au départ, le style utilisé comme l’humour gentiment moqueur rappellent un David Lodge sous amphets ou un Nick Hornby qui aurait délaissé sa passion pour Teenage Fanclub pour se niquer les oreilles avec du Cramps.

The Unstable Boys raconte la carrière météorique d’un groupe anglais des débuts dans une grange avec du matos volé en 1968 jusqu’à 2016 où The Boy le chanteur et Ral le guitariste reviennent comme des fantômes pour des raisons très différentes. La partie en 2016 souffle un peu d’une intrigue légère mais tout le reste de l’histoire est une magnifique madeleine de Proust pour tous les vieux rockers c’est certain mais aussi pour un public plus large goûtant les existences cabossées par la came, la mégalomanie, le showbiz, les épreuves de la vie.

Utilisant entretiens, articles de presse, témoignages de contemporains, Nick Kent utilise un patchwork de sources qui enchante et recrée avec talent l’époque du Swinging Sixties jusqu’au crépuscule des dieux des années 2010. Peut-être qu’on pourra reprocher à l’auteur, dans la fièvre du primo-romancier, d’avoir parfois trop approfondi la vie de certains personnages très secondaires. Néanmoins l’ensemble est un bonheur, méchamment bien écrit et armé d’un humour bien corrosif qui dégomme souvent et contribue à faire de “The Unstable boys un bijou de rock’n’roll attitude.

Rock on !

Clete.