Traduction: Denise Nast.

 » Le poison », premier roman de Charles Jackson fut un immense succès en 1944 mais contribua aussi à la perte de l’auteur qui ne connut ensuite plus vraiment les faveurs du public. Il était sûrement trop allé dans l’introspection car il semblait partager beaucoup de qualités et de défauts avec Don, le héros, écrivain raté dévoré par l’alcoolisme. Le roman fut adapté au cinéma par Billy Wilder avec bonheur puisqu’il obtint les oscars du meilleur réalisateur et du meilleur film.

Don, prétextant un besoin d’écrire tranquille vire tout son entourage pour un long weekend qui finalement sera une longue période d’ivresse. Et ce sera moche, très moche de suivre Don alcoolisé avec grande outrance. Vous vous attendiez à quoi ? On n’est pas ici dans l’alcoolisme mondain où on picole en société, non, on est dans le dur des accros, dans l’alcoolisme assommoir de Zola, où on boit pour oublier. L’alcool est une drogue et crée une addiction chez certaines personnes qui réagissent ensuite comme n’importe quel toxico quand le manque maladif se fait sentir dans le corps comme dans l’esprit. Des effets différents selon les drogues dures consommées mais une grande unité dans le manque qui incite à commettre des actes irresponsables. Et l’alcool, drogue étatique et légalisée, crée bien cette dépendance au contraire du cannabis… et je sais ce que je dis.

the-lost-weekend-02

« Le poison » est donc un témoignage sur l’alcoolisme et en cela chacun appréciera à sa manière, à son rapport à l’alcool, les tristes péripéties de ce redoutable roman qui parlera très fort à certains. J’ai lu des regrets chez certains lecteurs qui reprochaient qu’on ne sache pas vraiment les raisons de son alcoolisme. Certains picolent sans raison, d’autres pour de mauvaises raisons mais le résultat est identique et Charles Jackson le savait comme il savait qu’on ne peut comprendre la logique d’une personne dépendante et qu’il est vain de tenter de la raisonner ou de l’aider si elle ne le désire pas.

« Le poison » parlera fort à celles et à ceux qui ont ou qui ont eu une relation très difficile avec la bibine ou autre drogue. Les autres lecteurs découvriront dans son authenticité, dans sa triste réalité le pitoyable tableau d’un homme qui se noie.

Imbibé.

Wollanup.