Traduction: Janique Jouin – de Laurens.

 

Après plus de dix ans d’existence, ce n’est plus de la découverte ni une surprise, Gallmeister, même s’ils ne sont pas les seuls sur la place à le faire, proposent de la bonne littérature américaine à celles et ceux qui aiment vraiment cela. Bon, si je reste plus réservé sur certains romans qui paraissent dans la collection « néonoir », je reconnais la qualité générale des sorties de l’éditeur qui peut aussi nous offrir de très belles découvertes noires comme ce très, très,très bon premier polar situé à Cape Cod en 1957 et  signé Joe Flanagan.

Bien sûr  les bandeaux accompagnant les romans sont faits pour vous attirer mais ils sont aussi parfois très trompeurs. Sur « Un moindre mal », une citation d’un journaliste de Publishers weekly dit « ce premier roman transpose le monde corrompu du L.A. Confidential à Cape Cod ». Alors, oui, le sujet est un peu similaire, la corruption des flics, mais il est très difficile de comparer Hyannis et sa petite communauté de 20 000 habitants sur la côte Est et la mégapole de Los Angeles versant Pacifique. De même, il n’y a pas grande similitude entre le style des deux auteurs et pas plus dans le traitement de l’intrigue. Bref, ce n’est pas du Ellroy, c’est tout simplement du Flanagan et les amateurs de polars costauds, étoffés devraient y trouver néanmoins très largement leur compte. En fait, c’est juste en visionnant le film adapté du roman de James Ellroy que Flanagan a choisi de situer son intrigue à la même époque. Par ailleurs, Cape Cod et le village de Hyannis sont très chers à l’auteur qui y est né, y a vécu et y a suivi la carrière de flic local de son père qui correspond en gros, aux dires de l’auteur, au personnage de Warren, flic local, qui mène l’enquête.

« Cape Cod, 1957. Dans cette petite communauté tranquille, une série de meurtres d’enfants paralyse la population, une famille disparaît dans d’étranges circonstances, un homme se fait violemment tabasser et refuse de dénoncer ses agresseurs. Le lieutenant Warren, de la police locale, découvre la difficulté de mener à bien son enquête dans un service corrompu. Sa position devient intenable quand arrive dans la région Stasiak, officier légendaire de la Police d’État aux méthodes douteuses. Dépossédé de ses dossiers, Warren comprend vite qu’élucider ces affaires n’est pas le but premier de ce flic brutal et manipulateur. Pourtant il ne peut pas lui laisser le champ libre, au risque d’y perdre sa place, sa réputation et peut-être beaucoup plus. »

« Un moindre mal », c’est tout simplement un bon polar, un vrai roman d’investigation qui prend bien en compte la diversité des multiples personnages tout en se focalisant  sur le duel, au départ, bien disproportionné entre un flic local Warren et Stasiak une légende de la police d’ Etat qui, chacun à sa manière, vont tenter de résoudre les énigmes créées par les meurtres sauvages de petits garçons et par la disparition d’une famille.

Parfois, on ignore pourquoi on est tout de suite attiré par une intrigue, par un bouquin… et « un moindre mal » a réussi cette  alchimie qui a rendu ma lecture particulièrement  furieuse. L’intrigue tient parfaitement la route, les personnages sont soignés, creusés, les dialogues sont percutants et le final d’une centaine de pages transpire l’adrénaline. C’est addictif, parfait, inducteur de multiples théories et se lit d’une traite en attendant le deuxième roman du monsieur.

Addictif !

Wollanup.