Traduction: Samuel Sfez.
“Depuis qu’ Adele, la fiancée de son meilleur ami, a été assassinée par erreur, l’inénarrable Rocco Schiavone ne croit plus en rien et s’isole dans une pension sordide. Il décide malgré tout de retrouver l’assassin de la jeune femme et se met à passer en revue tous ceux qui pourraient lui en vouloir : entre Stefania Zaccaria, qu’il a arrêtée pour proxénétisme, et Antonio Biga, malfrat septuagénaire à la retraite, la liste des candidats est longue.
En parallèle, Rocco poursuit son enquête sur la famille Turrini, tous corrompus jusqu’à l’os. Rocco pense qu’ils sont les relais locaux de la ’ndrangheta, la mafia calabraise, visiblement bien implantée dans le Val d’Aoste.”
“Un homme seul “ est la quatrième aventure de Rocco Shiavone, vice préfet particulièrement mal dépoli mais flic très efficace, Romain dans l’âme et pour l’éternité mais œuvrant dans le Val d’Aoste, géographiquement, thermiquement mais aussi culturellement très loin de la Louve. Rocco est certainement le flic le plus intéressant arrivé dans le polar ces dernières années.
Qu’est ce qui peut nous rendre un personnage de papier si sympathique ? Certainement, son comportement comme sa manière de vivre mais aussi bien sûr le talent de Manzini particulièrement habile pour nous sortir à chaque fois une enquête qui tient franchement la route. C’est cette corrélation flic atypique et intrigue de qualité qui fait que le rendez vous annuel avec Rocco devient un passage obligé pour les amateurs de polars d’investigation ritals.
Ce quatrième opus débute directement à la suite du précédent “Maudit printemps” et Rocco se rend compte que même en mai, il ne fait pas beau dans le coin mais ceci est finalement le cadet de ses soucis. Victime d’une dépression en début d’histoire, meurtri par la mort à sa place de la fiancée d’un ami, Rocco va sortir du “coma” particulièrement en colère. Lui qui, d’habitude, cultive un certain pédantisme, une belle forme de mépris et d’arrogance vis à vis des événements et des personnes dans sa périphérie va montrer un tout autre visage animé par une rage bien tangible.
On retrouve, bien sûr, les situations du dernier roman mais il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu les précédents pour comprendre l’intrigue. Idéalement, il serait préférable d’avoir tout lu pour bien comprendre l’évolution du personnage mais ce polar, même s’il est peut-être moins habile que les premiers, se suffit à lui-même pour vous promener, vous berner, vous séduire par son intrigue pointue et claire.
On peut raisonnablement trouver quelques points communs entre Rocco et Montalbano le flic sicilien, personnage iconique d’Andréa Camilleri mais autant Montalbano aime la Sicile et tous ses trésors autant Rocco hait le Val d’Aoste et tout ce qu’il y vit et il sait très bien le montrer avec un humour noir particulièrement percutant et des répliques qui flinguent.
“Un homme seul” n’est peut-être pas le meilleur de la série mais il se distingue néanmoins, à l’aise, de la production policière ordinaire qu’on tente de nous vendre à longueur d’année.
Percutant.
Wollanup.
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