Traduction Hubert Tézenas
“Tupinilândia se trouve en Amazonie, loin de tout. C’est un parc d’attractions construit dans le plus grand secret par un industriel admirateur de Walt Disney pour célébrer le Brésil et le retour de la démocratie à la fin des années 1980. Le jour de l’inauguration, un groupe armé boucle le parc et prend 400 personnes en otages. Silence radio et télévision.
Trente ans plus tard, un archéologue qui ne cesse de répéter à ses étudiants qu’ils ne vont jamais devenir Indiana Jones revient sur ces lieux, avant qu’ils ne soient recouverts par le bassin d’un barrage. Il découvre à son arrivée une situation impensable : la création d’une colonie fasciste orwellienne au milieu des attractions du parc dévorées par la nature. À la tête d’une troupe de jeunes gens ignorant tout du monde extérieur qu’ils croient dominé par le communisme, il va s’attaquer aux représentants d’une idéologie qu’il pensait disparue avec une habileté tirée de son addiction aux blockbusters des années 1980.”
A défaut de séduire tout le monde,”Tupinilândia » fera voyager, rêver plus d’un lecteur et nombreux seront ceux qui seront séduits par une histoire contée avec une réelle passion par un auteur à la plume souvent très belle.
Construit en deux parties, le roman raconte avec précision, passion je me répète, la naissance d’un parc, copie brésilienne des réalisations Disney. L’ Américain est d’ailleurs présent dès les premières pages qui racontent un voyage à Rio de tout le crew du dessinateur au début des années 40. Cet événement est d’ailleurs le point de départ de l’entreprise, du rêve d’un industriel brésilien et de toute sa famille. Place au rêve mais aussi une forte évocation d’un pays étouffé sous une dictature jusque dans les années 80.
Dans une seconde partie, trente ans après sa fermeture, on retrouve le complexe de loisirs avec un archéologue en mission sur le site et qui ne sera pas au bout de ses surprises. Autant la première partie émerveille malgré certaines longueurs consécutives à la passion intarissable de l’auteur pour ces cités maudites, autant celle-ci ennuie un peu: les aventures dans la jungle ressemblent trop justement à du Disney, du gnangnan peu ébouriffant ou inquiétant et difficilement crédible.
Il n’empêche que ce roman séduira par la beauté du texte, l’intelligence de l’auteur qui, sans avoir l’air d’y toucher, éclaire sur le Brésil d’hier et d’aujourd’hui, montre les manifestations du nationalisme. On peut regretter que l’auteur s’emballe parfois, nous lasse un peu avec des descriptions monstrueusement détaillées mais aussi et surtout trop longues. Pour les Brésiliens, ce roman faisant beaucoup référence à leur culture, leurs traditions a dû certainement agir comme une magnifique Madeleine de Proust mais les lecteurs français patients, qui auront avalé les multiples passages sur Walt Disney du début sauront entrer dans le rêve d’un homme et apprécieront le message passionné d’un auteur sud-américain sur lequel il faut compter.
Souvent séduisant.
Clete.
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