Cela fait 15 ans, depuis « La Révolte des rats » roman paru aux édition Le Serpent à plumes en 2003 que l’on avait plus de nouvelles de François Muratet. Et voilà qu’au détour d’une conversation avec l’éditrice Joëlle Loseld lors d’un débat avec Marc Villard, j’ai appris la sortie de « Tu dormiras quand tu seras mort ». J’ai ouvert avec une certaine appréhension ce roman. Je craignais que François Muratet dont mon souvenir était bloqué sur une rencontre que j’avais organisée entre lui et Francis Chateauraynaud autour du sociologique numérique Marlowe, ne soit plus à la hauteur.

Très vite, j’ai été embarqué dans l’histoire, celle du jeune officier André Leguidel, embarqué dans la grande histoire de la guerre d’Algérie, guerre qui n’en a pas le nom. « Tu dormiras quand tu seras mort » est sur le même mode – dans une certaine mesure – de l’épopée aux confins des montagnes afghanes de La « Quête de Wynne » d’Aaron Gwyn paru aux éditions Gallmeister en 2015.

François Muratet, professeur d’histoire né au Maroc, connaît son sujet et sait conter une aventure à échelle humaine. Dans cette narration subjective à la première personne, il n’y a pas des bons et des méchants. Il y a des relations entre des humains dans un monde complexe où les frontières entre Français et Arabes sont mouvantes et chargées.

Ce roman noir est criant de vérité. On y croit et peu importe finalement la mission d’espionnage d’André Leguidel qui doit découvrir si le chef de son commando de chasse, l’Arabe Mohamed Guellad a tué l’officier français qui l’avait remplacé, les protagonistes de ce roman d’aventure pourraient avoir vraiment existé et participé à la grande histoire.

J’espère que François Muratet mettra un peu moins de temps pour écrire son prochain roman.

BST.