Traduction: Frédéric Lagrange.
C’est une expérience particulière de lire ce roman de Mohammad RABIE déjà paru en arabe et traduit enfin en français, ce qui m’a permis de découvrir cet auteur. À lire sa biographie, l’homme semble plutôt bien sous tous rapports !!! Natif du Caire, ingénieur de formation et auteur de trois romans dont celui-ci. Il est clair qu’il ne manque pas d’imagination et son écriture est d’une rare violence, au point que certains passages ont réussi à me choquer, c’est peu dire.
L’histoire se passe au Caire en 2025, la partie Est de la ville a été envahie et occupée par la République des chevaliers de Malte et a l’emprise sur une population désabusée et résignée. L’Ouest du Caire est sous la protection d’une résistance qui a été organisée par la police avide de vengeance et soucieuse de redorer son blason post printemps arabe.
Le personnage principal est le colonel Ahmad Otared, posté avec ses hommes au sommet de la tour du Caire et chargé de tirer sur tous les opposants au sniper. Les balles pleuvent, au départ les cibles sont choisies, l’homme est précis, une balle, une tête, un mort puis les civils vont également faire les frais de la précision du colonel et de ses hommes. Des chargeurs entiers sont vidés par centaines.
Mais vient le temps ou la mission de la tour se termine et Otared s’infiltre dans la zone occupée, il s’immisce au cœur de l’enfer et prend totalement conscience du chaos, lui le dur à cuire. La population survit, se livre au vol, au viol, à la défonce, il n’y a plus aucune limite.
Otared rencontre sur son chemin Farida, lors d’une passe. La prostituée va recroiser son chemin ou vice versa et un début d’espoir va naître, certainement un des seuls du roman.
Au fil des pages, l’auteur nous renvoie à différentes époques qui permettent de mieux comprendre les personnages clé et leur passé et l’ensemble s’imbrique à la perfection au dénouement de l’histoire et donne un rythme fou.
Il y a tout de même un moment où je me suis demandé pourquoi autant de violence, est ce nécessaire ? Puis l’auteur arrive à rendre cette surenchère de viols, de brutalité, de litres de sang coagulés poétique . C’est ce qui est fascinant et marquant cette faculté de passer de l’horreur la plus absolue à une douce noirceur empreinte d’espoir. Sachez que l’espoir est de courte durée, tous les protagonistes sont rattrapés par leurs démons.
« Trois saisons en enfer » vous met la tête dans la cuvette et elle est pleine de merde ! Pour ma part, j’ai eu ma dose de nauséabond et m’en rappellerai longtemps, un électrochoc assuré.
Nikoma
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